La Commission européenne a présenté mercredi un plan à 210 milliards d’euros qui prévoit une accélération des énergies
renouvelables et des économies d’énergie pour s’affranchir “le plus vite possible” des importations de gaz russe, en réaction à la guerre en Ukraine.
Un pas vers l’indépendance énergétique
La récente interruption par Moscou des livraisons de gaz à la Pologne et à la Bulgarie a montré l’urgence d’agir pour sécuriser les approvisionnements européens.
“Nous devons réduire le plus vite possible notre dépendance énergétique à l’égard de la Russie. Nous le pouvons”, a déclaré la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, à la presse. Mais réduire les importations d’énergies fossiles est aussi crucial pour atteindre les objectifs climatiques de l’UE, soit une baisse des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55% d’ici 2030 et la neutralité carbone en 2050.
“Les économies d’énergie sont le moyen le plus rapide et le moins cher pour répondre à la crise énergétique actuelle et réduire les factures”, souligne l’exécutif européen dans ce plan, qui avait été réclamé fin mars par les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 Etats membres de l’UE.
Ainsi, Bruxelles estime que “des changements de comportement pourraient réduire de 5% à court terme la demande de gaz et de pétrole”, et préconise des campagnes de communication dans chaque Etat membre auprès des entreprises et des ménages.
Développer les énergies renouvelables
La Commission propose de rehausser son objectif de part des renouvelables dans le mix énergétique à l’horizon 2030, qui passerait de 40% à 45%. Pour cela, elle mise notamment sur un doublement des installations photovoltaïques d’ici à 2025 et sur un allègement des contraintes administratives pour accélérer les procédures de déploiement des projets solaires et éoliens.
“Nous proposons d’imposer des toitures solaires pour les bâtiments commerciaux et publics d’ici à 2025 et pour les bâtiments résidentiels neufs d’ici à 2029″, a détaillé Mme von der Leyen.
Le plan fixe également un objectif de 10 millions de tonnes d’hydrogène d’origine renouvelable produit en Europe d’ici à 2030, ainsi que 10 millions de tonnes d’importations, pour remplacer le charbon, le pétrole et le gaz dans certains secteurs de l’industrie et des transports.
Bruxelles reconnaît toutefois que l’UE ne pourra se passer rapidement du pétrole et du gaz et a déjà engagé une diversification de ses fournisseurs, en se tournant notamment vers les Etats-Unis, l’Algérie et le Moyen-Orient. La Commission envisage un mécanisme d’achat conjoint pour négocier de meilleurs tarifs.
Un investissement supplémentaire
Ainsi, l’accélération de la transformation du système énergétique européen va nécessiter un investissement supplémentaire de 210 milliards d’euros d’ici à 2027, a calculé l’exécutif. L’essentiel du financement proposé proviendrait de prêts déjà inclus dans le plan de relance européen NextGenerationEU mais non encore utilisés. Ces prêts représentent déjà 225 milliards d’euros
immédiatement mobilisables.
À court terme, l’UE devra également augmenter sa production d’électricité dans les centrales nucléaires et à charbon, a reconnu un responsable européen. Les Européens ont déjà annoncé la fin des importations de charbon russe à partir d’août prochain et un embargo sur le pétrole pour la fin de l’année est en cours de discussion parmi les Etats membres. La Commission avait affirmé en
mars vouloir réduire des deux tiers ses achats de gaz russe dès cette année et en totalité avant 2030.
En 2019, 25% de l’énergie consommée en Europe provenait de Russie, son premier fournisseur, selon l’Institut Jacques Delors. Depuis le déclenchement des hostilités en Ukraine fin février, l’UE a déjà versé 52 milliards d’euros à Moscou, soit presque autant en deux mois et demi que son budget militaire annuel de 60 milliards d’euros, souligne ce centre de réflexion bruxellois.