La Commission européenne a présenté une proposition visant à interdire les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance de Russie à partir de janvier 2027, soit un an plus tôt que prévu initialement. Cette mesure s’inscrit dans une nouvelle série de sanctions destinées à réduire les revenus fossiles de Moscou, en réponse à la pression croissante exercée par le président des États-Unis.
La présidente de la Commission européenne a indiqué que les recettes issues des hydrocarbures restaient une source majeure de financement de l’économie de guerre russe. L’Union européenne (UE) souhaite ainsi fermer l’accès de son marché au GNL russe encore autorisé, notamment par transport maritime, malgré la réduction massive des importations de pétrole brut imposée depuis 2022.
Vers une rupture plus rapide des livraisons russes
Le projet de sanctions doit encore être validé par les 27 États membres. Il comprend, outre l’interdiction du GNL russe, des mesures contre des raffineries, des zones économiques spéciales ainsi que des établissements bancaires opérant en Russie, en Chine et en Asie centrale. L’objectif affiché est d’assécher les canaux logistiques et financiers qui permettent encore à Moscou d’écouler ses hydrocarbures malgré les sanctions précédentes.
Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les exportations russes de gaz vers l’UE ont considérablement diminué, passant de 45% des importations totales de gaz en 2021 à 19% en 2024. Cette baisse s’explique par la réduction des livraisons par gazoduc, partiellement compensée par une hausse du GNL acheminé par voie maritime. L’interdiction proposée vise précisément cette dernière source d’approvisionnement.
Un soutien politique américain décisif
L’initiative intervient dans un contexte de pression accrue de la part des États-Unis, qui cherchent à obtenir de l’UE un durcissement de sa politique énergétique à l’égard de la Russie. Le président américain a conditionné une position plus ferme vis-à-vis de Moscou à un arrêt complet des achats d’hydrocarbures russes par les alliés européens. L’administration américaine a également réclamé l’adoption de droits de douane visant la Chine.
Selon des responsables proches du dossier, les discussions actuelles incluent aussi des dispositifs pour sanctionner les raffineurs et négociants de pays tiers qui continuent d’acheter du pétrole russe en contournant les restrictions imposées. Les entreprises pétrochimiques opérant en dehors de l’espace européen pourraient ainsi être visées.
Une dépendance énergétique en recul, mais persistante
L’Union européenne a déjà interdit l’essentiel des importations de pétrole brut russe, les volumes passant de 29% en 2021 à 2% à la mi-2025. Seuls la Hongrie et la Slovaquie maintiennent encore des achats directs, bénéficiant d’exemptions temporaires en raison de leur forte dépendance. Toutefois, le GNL russe reste présent sur plusieurs terminaux européens, en particulier dans les ports belges, français et espagnols.
Les futures négociations entre États membres devraient porter sur la faisabilité technique de l’interdiction proposée et ses impacts sur la sécurité d’approvisionnement. Plusieurs pays d’Europe occidentale ont renforcé leurs capacités de stockage et diversifié leurs sources depuis le début du conflit, mais certains marchés restent exposés aux fluctuations d’approvisionnement à court terme.