Alors que les pays de l’Union européenne s’apprêtent à passer à l’heure d’hiver, la Commission européenne a réaffirmé sa volonté de mettre fin au changement d’heure semestriel, en vigueur depuis les années 1970. Initialement instauré pour économiser de l’énergie en période de crise pétrolière, le dispositif est aujourd’hui jugé obsolète, tant sur le plan énergétique qu’économique.
Une initiative soutenue mais toujours bloquée
La Commission européenne avait déjà proposé en 2018 de supprimer cette mesure, à la suite d’une consultation publique à l’échelle du continent. Près de 4 millions de citoyens y avaient participé, avec un taux d’adhésion de 84% en faveur de l’abolition du changement d’heure. Le Parlement européen avait ensuite voté en faveur de cette proposition, mais l’absence d’un consensus entre les 27 États membres a empêché toute mise en œuvre.
À l’approche du nouveau changement horaire, plusieurs eurodéputés ont ravivé le débat à Strasbourg, appelant à une résolution rapide du blocage institutionnel. Le commissaire européen aux Transports, Apostolos Tzitzikostas, a confirmé devant l’hémicycle que la Commission n’avait pas renoncé à son projet et a annoncé le lancement d’une nouvelle analyse d’impact.
Des arguments énergétiques de moins en moins convaincants
Les partisans de la suppression soulignent que les économies d’énergie attendues du changement d’heure sont désormais marginales, notamment en raison de la généralisation de l’éclairage LED et des appareils à faible consommation. Selon la Commission, les gains énergétiques initiaux justifiant cette politique sont devenus statistiquement négligeables.
Lors d’une récente réunion des ministres de l’Énergie, l’Espagne a formellement demandé la suppression du changement d’heure, soutenue par la Pologne et la Finlande. Le premier ministre espagnol Pedro Sanchez a déclaré que ce système n’a « plus aucun sens » et que ses effets négatifs dépassent les faibles bénéfices escomptés.
Un enjeu européen sans calendrier clair
La question reste cependant sans échéance concrète. Aucun calendrier n’a été fixé pour une éventuelle application, et la mise en œuvre nécessiterait un accord politique entre les États membres. Les discussions techniques se poursuivent, tandis que la Commission souhaite faire aboutir ce dossier sans imposer un modèle unique.
La prochaine étude d’impact, commandée par la Commission, visera à fournir de nouvelles données comparables entre pays. Elle pourrait servir de base pour relancer des négociations à l’échelle du Conseil de l’Union européenne.