La Commission européenne a approuvé sous conditions le plan de nationalisation par l’Etat allemand du groupe gazier Uniper, asphyxié par la fin des livraisons russes, ainsi que celui de la filiale allemande du géant russe Gazprom.
Afin de “préserver une concurrence effective”, Uniper devra céder “certaines parties de ses activités, qui représentent une part importante de ses revenus”: notamment la centrale électrique de Datteln 4 en Allemagne, la centrale électrique de Gönyu en Hongrie et d’un certain nombre de filiales internationales, indique l’exécutif européen dans un communiqué. Uniper doit aussi libérer “une partie de ses réservations de capacités de stockage de gaz et de gazoducs, les rendant disponibles pour les concurrents”.
L’Allemagne s’est par ailleurs “engagée à élaborer une stratégie de sortie crédible d’ici fin 2023, dans le but de réduire sa participation dans Uniper à pas plus de 25% plus une action d’ici fin 2028 au plus tard”.
Le gouvernement allemand avait dévoilé en septembre un plan de sauvetage à plus de 30 milliards d’euros de Uniper, impliquant une nationalisation de ce fournisseur énergétique qui était le premier importateur de gaz en Allemagne.
L’actionnaire majoritaire, le finlandais Fortum, avait donné son accord fin septembre, après d’âpres négociations. Un accord définitif avait même été signé entre les deux entreprises et le gouvernement allemand.
Le groupe allemand est frappé de plein fouet par la réduction, puis la fin totale depuis septembre, des livraisons de gaz russe, du fait de la guerre en Ukraine. L’entreprise était la principale cliente du russe Gazprom dans le pays. Elle a dû, pour honorer ses contrats, se procurer du gaz sur le marché au comptant où les prix ont atteint un pic cet été. Résultat, entre janvier et septembre, Uniper a enregistré une perte de 40 milliards d’euros, du jamais-vu pour une entreprise allemande.
Une faillite du groupe, en charge de 40% de l’approvisionnement en gaz de l’Allemagne, aurait provoqué un effet domino sur l’ensemble du secteur de l’énergie dans le pays. C’est pourquoi le gouvernement allemand mené par le social-démocrate Olaf Scholz, a décidé de racheter 99% des parts du groupe, pour un prix unitaire de 1,70 euro par action. Berlin financera également une augmentation de capital de 8 milliards d’euros, qui pourrait être complétée par une enveloppe pouvant aller jusqu’à 26,5 milliards d’euros.
Dans une décision, la Commission européenne a aussi avalisé sous conditions la nationalisation par l’Etat allemand de la filiale allemande du géant russe Gazprom, rebaptisée SEFE, afin de sauver de la faillite ce fournisseur de gaz qu’il administre déjà depuis avril et qui est surendetté.