BHP renforce la tendance mondiale des fusions et acquisitions de 2021, qui voit les grandes entreprises se débarrasser de leurs actifs pétroliers et gaziers.
BHP et les grandes compagnies pétrolières s’orientent vers le renouvelable
Selon une analyse sur les fusions et acquisitions de S&P Global Market Intelligence, la tendance pour les compagnies pétrolières est à la réduction des émissions de gaz à effet de serre par la vente des actifs à forte intensité de carbone. Aux États-Unis, c’est l’inverse : les sociétés indépendantes rachètent leurs rivaux pour consolider leur position dans le domaine du pétrole et du gaz.
Selon Market Intelligence, les grandes sociétés pétrolières et gazières qui vendent des actifs à de plus petites entreprises représentaient un peu plus de 35% de la valeur estimée des transactions pétrolières et gazières en 2021. Les opérations de sociétés américaines indépendantes visant à ajouter des actifs pétroliers et gaziers à leurs avoirs représentaient environ la moitié de la valeur totale des transactions.
BHP conserve 48% des actions de Woodside
BHP avait récemment déclaré la vente de ses activités pétrolières et gazières à Woodside Petroleum. La firme voulait s’orienter vers un nouvel avenir énergétique en revenant à ses racines de société minière. En produisant ainsi du fer, du cuivre et du nickel, nécessaires à la transition énergétique vers le renouvelable. Mais étant donné que les actionnaires de BHP posséderont 48% des actions de Woodside à la clôture de l’opération, la rupture n’est pas aussi nette qu’il y paraît, selon les analystes.
« Le fait que BHP devienne l’un des principaux actionnaires d’une société d’exploration et de production signifie qu’elle voit toujours des opportunités dans le pétrole et le gaz. S’il s’agissait uniquement d’une considération [environnementale, sociale et de gouvernance] de sa part, BHP se serait entièrement retirée du pétrole et du gaz. », déclare Pavel Molchanov, analyste en pétrole, gaz et énergies renouvelables chez Raymond James & Associates.
« Le virage vers l’abandon des combustibles fossiles a beaucoup de sens stratégique. Il sera plus facile de motiver [les dépenses d’investissement] dans l’extraction de métaux que dans de nouveaux champs pétroliers et gaziers pour les investisseurs, et ce de plus en plus au cours des prochaines années. », ajoute Axel Dalman, analyste du pétrole et du gaz chez Carbon Tracker.
Sortir du pétrole et du gaz, un pari gagnant ?
Avant la conclusion de l’accord, le groupe activiste australien Market Forces avait exhorté BHP à « réduire ses effectifs » plutôt qu’à vendre ses actifs pétroliers et gaziers. Le groupe faisait valoir à l’époque qu’un désinvestissement ne résoudrait pas le risque réputationnel lié au fait de se décharger de la responsabilité de la transition des employés et de la réhabilitation des sites.
« Les actifs de BHP dans le golfe du Mexique apportent à notre portefeuille du pétrole à forte marge. Cette forte production de pétrole devrait générer des liquidités importantes dans les années à venir et contribuer à financer la croissance future et l’investissement de Woodside dans la transition énergétique. », déclare Meg O’Neill, PDG de Woodside.
Paradoxalement, pour les sociétés indépendantes, l’acquisition de nouveaux actifs pétroliers et gaziers serait donc un moyen d’atteindre leurs objectifs de décarbonation.