La dynamique des exportations de gaz naturel entre le Canada et les États-Unis connaît une transformation notable. En juillet, les exportations canadiennes ont augmenté à 6,5 milliards de pieds cubes par jour, malgré une production nationale en déclin. Cette situation découle d’inventaires élevés qui pèsent sur les prix du gaz en Alberta et permettent une hausse des flux transfrontaliers.
Enjeux Technologiques et Climatiques
Les défis climatiques, avec des températures exceptionnellement élevées en juillet, ont affecté la production canadienne de gaz naturel. En effet, les infrastructures de collecte de terrain, conçues principalement pour résister aux températures hivernales, peinent à fonctionner efficacement sous une chaleur intense. Cette situation a conduit à une baisse de la production, tombant en moyenne à 16,8 milliards de pieds cubes par jour début juillet, avant de remonter légèrement à 17,5 milliards de pieds cubes par jour en fin de mois.
Parallèlement, les stocks élevés au Canada, résultat d’un hiver particulièrement doux, ont contribué à la baisse des prix sur le marché de l’Alberta (AECO), rendant le gaz canadien compétitif sur le marché américain. Les prix du gaz à AECO sont restés en moyenne plus de 1 dollar par million de BTU en dessous de ceux du Henry Hub américain, ce qui a stimulé les exportations.
Implications Économiques et Réglementaires
Cette augmentation des exportations a des répercussions économiques importantes. Elle permet de compenser partiellement la réduction de la production de gaz aux États-Unis, où la production a diminué de 1,9 milliard de pieds cubes par jour par rapport à l’année précédente. Cependant, l’approvisionnement total n’a baissé que de 1,2 milliard de pieds cubes par jour grâce aux importations accrues du Canada.
D’un point de vue réglementaire, les autorités des deux pays surveillent de près cette évolution. La gestion des réserves et la régulation des exportations sont cruciales pour maintenir l’équilibre entre l’offre et la demande, tout en garantissant la sécurité énergétique des deux nations. Les politiques de soutien aux infrastructures de stockage et de transport jouent un rôle clé dans cette dynamique transfrontalière.
Perspectives Futures et Impact du LNG
À moyen terme, l’augmentation de la demande de gaz naturel liquéfié (LNG) pourrait modifier significativement la dynamique du marché. Le projet LNG Canada, dirigé par Shell, avec une capacité de production de 14 millions de tonnes par an, devrait commencer ses opérations à mi-2025. Ce projet est déjà en phase de pré-commissioning et devrait bientôt recevoir du gaz de combustion.
Cette nouvelle capacité de liquéfaction pourrait resserrer le marché canadien du gaz, réduisant les exportations vers les États-Unis à mesure que le gaz sera redirigé vers le marché du LNG. Toutefois, avec des réserves probablement pleines à l’approche de l’hiver, le Canada pourrait maintenir un surplus de stockage en 2025, atténuant ainsi l’impact des nouvelles exportations de LNG sur les prix.
Les analystes de Commodity Insights prévoient une réduction des flux de gaz vers les États-Unis en 2025 et 2026, alors que la montée en puissance de la phase 1 du projet LNG Canada dépassera temporairement la production de l’Ouest canadien.
En conclusion, l’augmentation actuelle des exportations de gaz naturel canadien vers les États-Unis, soutenue par des réserves élevées et des prix compétitifs, joue un rôle crucial dans la stabilité énergétique nord-américaine. Cependant, l’entrée en jeu du LNG et les évolutions réglementaires futures nécessitent une vigilance continue pour maintenir cet équilibre délicat. La coopération transfrontalière et les investissements dans les infrastructures demeureront essentiels pour naviguer dans cette phase de transition énergétique.