Le président de l’Argentine, Javier Milei, a annoncé son ambition de développer une nouvelle infrastructure nucléaire afin de répondre à la demande énergétique croissante, laquelle a atteint 9 % en 2024 pour l’énergie d’origine nucléaire. Cette annonce, faite aux côtés de Rafael Grossi, directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), a été accueillie avec des critiques sur sa faisabilité.
Un projet de réacteur nucléaire modulaire
La stratégie présentée par Javier Milei repose sur la construction d’un réacteur modulaire de petite taille (SMR) sur le site d’Atucha, situé près de Buenos Aires. Les SMR, qui offrent une solution simplifiée et flexible, sont en plein développement à l’échelle mondiale. Selon l’AIEA, cette technologie est déjà mise en œuvre en Russie et fait l’objet de projets similaires au Canada, en Chine et aux États-Unis.
D’après le président, ce projet est indispensable pour satisfaire les besoins générés par des secteurs comme l’intelligence artificielle, en forte expansion. « L’énergie nucléaire est la seule capable de répondre rapidement et efficacement à cette demande », a-t-il déclaré.
Des critiques sur la gestion des projets existants
L’annonce a cependant été qualifiée de « contradictoire » par Adriana Serquis, ancienne présidente de la Commission nationale de l’énergie atomique (CNEA). Elle a rappelé l’existence du projet CAREM, un réacteur modulaire conçu et construit en Argentine. Ce projet, reconnu comme l’un des plus avancés au monde, est en suspens depuis l’arrivée de Javier Milei au pouvoir en 2023, en raison de coupes budgétaires importantes.
Ces critiques sont renforcées par les déclarations de Diego Hurtado, ancien secrétaire à la planification scientifique. Selon lui, la réduction des budgets alloués à la science et à la technologie a ralenti le projet CAREM à tel point qu’il est « pratiquement à l’arrêt ». Ce réacteur devait initialement être opérationnel en 2028.
Contexte économique et budgétaire
Le contexte budgétaire argentin ajoute une dimension complexe à ces ambitions nucléaires. Dans le cadre de son programme surnommé « tronçonneuse », Javier Milei a procédé à des coupes drastiques dans les dépenses publiques, supprimant plus de 30.000 emplois dans le secteur public. Les salariés de la CNEA, dont le pouvoir d’achat a diminué de 30 % en 2024, sont particulièrement touchés.
Ces restrictions financières pourraient limiter la capacité de l’Argentine à mener de front de nouveaux projets énergétiques tout en relançant ceux déjà initiés. Le président Milei, en quête d’investissements internationaux, mise néanmoins sur l’attrait de la technologie nucléaire pour redresser l’économie énergétique du pays.
Enjeux politiques et économiques
La décision de Javier Milei d’investir dans l’énergie nucléaire reflète un pari stratégique pour positionner l’Argentine comme un acteur clé de l’énergie. Cependant, la concrétisation de ce projet dépendra de financements suffisants et d’une coordination efficace des ressources existantes.
L’avenir énergétique de l’Argentine reste incertain, tiraillé entre des ambitions politiques et des contraintes budgétaires. Le projet de réacteur modulaire à Atucha s’inscrit dans une vision à long terme, mais des doutes subsistent quant à sa faisabilité immédiate.