La dynamique énergétique angolaise connaît une inflexion avec la mise en évidence du gisement Gajajeira, identifié comme le premier puits entièrement dédié à l’exploration gazière dans le pays. Cette avancée intervient alors que l’Angola cherche à accroître le rôle du gaz naturel dans son mix énergétique, traditionnellement dominé par la production de pétrole brut. La coentreprise Azule Energy, associée à Equinor, Sonangol E&P et Acrep Angola S.A., est à l’origine de ce forage sur le bloc 1/14, situé dans le bassin du Bas-Congo.
Une stratégie de diversification énergétique structurée
Le contexte de cette découverte est marqué par l’adoption récente du National Gas Master Plan (NGMP, Plan directeur national du gaz), officialisé par le gouvernement angolais. Ce plan vise à structurer l’industrie gazière, à sécuriser l’approvisionnement domestique et à porter la part du gaz à 25 % du mix énergétique à court terme, contre environ 7 à 10 % jusqu’alors. Les précédentes productions de gaz en Angola étaient essentiellement issues des activités pétrolières, sous forme de gaz associé, principalement réinjecté ou brûlé par torchage pour des raisons techniques.
La feuille de route prévoit la réduction du torchage et l’exploitation de réservoirs contenant exclusivement du gaz naturel. Elle s’inscrit dans la volonté de soutenir la demande locale, de garantir l’alimentation de l’usine de liquéfaction Angola LNG (Angola Liquefied Natural Gas) et de structurer de nouveaux usages industriels, pétrochimiques, ainsi que le développement du gaz de pétrole liquéfié (GPL).
Déploiement de nouveaux projets et extension des capacités nationales
L’État angolais, à travers la société Sonangol, est engagé dans plusieurs projets structurants, notamment les champs gaziers Quiluma et Maboqueiro, pour lesquels une décision finale d’investissement (Final Investment Decision, FID) a été prise en juillet 2022. Leur mise en production est attendue à l’horizon 2026. L’intégration du gisement Gajajeira s’ajoute à ce portefeuille, avec des ressources estimées à plus de 1 000 milliards de pieds cubes de gaz et environ 100 millions de barils de condensats associés.
Ces ressources viennent renforcer la base d’approvisionnement potentielle pour l’usine Angola LNG, qui dispose d’une capacité de 5,2 millions de tonnes par an de gaz naturel liquéfié (GNL) et dont une extension est envisagée, avec l’étude d’un mini-train de 3 millions de tonnes supplémentaires. Le gouvernement prévoit également la conversion progressive des centrales électriques diesel au gaz, ainsi que le développement d’un réseau résidentiel dédié, soutenant ainsi l’objectif d’accroître la valeur ajoutée locale.
Impact sur le secteur et perspectives régionales
La nouvelle orientation gazière s’accompagne d’une diversification géographique des explorations, au-delà des zones historiquement pétrolières. Des projets sont annoncés dans les bassins du Kwanza et de Benguela, en complément des initiatives dans le Bas-Congo. Sur le plan économique, selon la Banque africaine de développement (BAD, African Development Bank), le pétrole représentait environ 30 % du produit intérieur brut angolais en 2023. L’objectif gouvernemental reste le maintien d’un plateau de production pétrolière autour de 1,1 million de barils par jour jusqu’en 2027.
La découverte du gisement Gajajeira s’inscrit dans une tendance régionale marquée par le développement de nouveaux projets gaziers en Afrique. À titre de comparaison, les réserves de Gajajeira restent inférieures à celles des grands projets comme Greater Tortue Ahmeyim (Sénégal–Mauritanie), Coral South ou Mamba (Mozambique), respectivement estimés à 15, 10 et 30 billions de pieds cubes de gaz naturel. Aucun calendrier de développement n’a encore été annoncé pour Gajajeira, les partenaires du bloc n’ayant pas communiqué de décision finale d’investissement à ce stade.
Les faits présentés soulignent l’évolution du secteur gazier en Angola et la multiplication des initiatives nationales. Le secteur reste observé par les acteurs internationaux, alors que les capacités, l’exploitation et les perspectives de valorisation du gaz pourraient influencer la structuration des marchés régionaux.