American Jobs Plan: part belle aux Énergies Renouvelables

Partager:

L’American Jobs Plan, doté de 2000 milliards de dollars, vise à décarboner entièrement l’économie américaine d’ici à 2050. Dévoilé le 31 mars dernier, constitue le plan énergétique le plus ambitieux qu’a connu les États-Unis. Néanmoins, ce plan comporte un vrai risque de dépendance accrue à la Chine dans les technologies bas-carbone.

American Jobs Plan : décarboner le secteur électrique d’ici 2035

Consistant en l’objectif de réduire de moitié les émissions du pays d’ici 2030, l’American Jobs Plan vise à électrifier l’Amérique. Le plan propose notamment un investissement de 174 milliards dans le déploiement des véhicules électriques dans les prochaines années. Ce déploiement s’appuiera sur la construction de près de 500.000 stations de recharge électriques d’ici 2030. Joe Biden promet également l’électrification complète de la flotte de véhicules fédéraux ainsi que 20 % des bus scolaires.

Cette électrification du parc automobile sera totalement alimentée en électricité bas-carbone dès 2035 selon les promoteurs du plan. Cela passera par une explosion de l’électricité issue du solaire et de l’éolien dont 30 GW d’éolien offshore d’ici 2030. Afin d’atteindre cet objectif, l’administration Biden compte imposer un Clean Energy Standard à tous les opérateurs électriques du réseau. À noter que le nucléaire aux États-Unis conserve une place importante étant aujourd’hui la principale source d’énergie bas-carbone du pays et partie prenante majeure du volet infrastructure de l’American Jobs Plan.

Blackout au Texas
La ville d’Austin au Texas face à la tempête de neige

Moderniser le réseau électrique

Une des conditions pour permettre l’électrification de la société consiste à moderniser le réseau électrique. Les évènements et le blackout au Texas ont effectivement montré toute l’importance de ces réseaux dans une économie de plus en plus électrifiée. L’intégration des énergies renouvelables va notamment exiger une plus grande flexibilité pour gérer l’intermittence des productions éoliennes et solaires. La gestion des pics de production exigera notamment des investissements dans le stockage de l’électricité et les réseaux intelligents.

Le plan de Joe Biden vise ainsi à dépenser environ 100 milliards de dollars dans la modernisation des réseaux électriques. Des crédits d’impôts seront ainsi proposés pour accélérer le développement des technologies de stockage stationnaire. En outre, près de 20 GW de lignes à haute tension devraient être installées d’ici les prochaines années. L’objectif est de permettre aux générateurs solaires et éoliens, souvent éloignés géographiquement, d’atteindre les grands bassins de consommation d’électricité.

Quelle place pour le charbon, le gaz et le pétrole ?

Si l’American Jobs Plan vise à électrifier l’Amérique, cette électricité ne proviendra plus du charbon. Le charbon connaît déjà un déclin régulier de sa production depuis 2014 du fait de la concurrence du gaz. Cela a permis notamment la réduction de la croissance des émissions de CO2 ces dernières années. Une réduction de courte durée, puisque le charbon renait de ses cendres en Chine. Mais pour Biden, cette tendance au déclin du charbon Américain est amenée à se poursuivre avec la fermeture de toutes les centrales à charbon d’ici 2035.

Afin de ne pas pénaliser les communautés dépendantes du charbon, le président Américain propose un programme de Just Transition. 40 milliards de dollars serviront ainsi à financer des plans de requalification des travailleurs du secteur. Ce point est essentiel, car l’opposition principale à un Green New Deal vient de ses perdants de la transition énergétique. Cet engagement financier pourrait même s’accroitre afin de gagner les votes de sénateurs démocrates d’États charbonniers comme la Virginie-Occidentale.

American Jobs plan
Des parcelles d’exploitations pétrolières au Texas.

Le pétrole et le gaz sur une ligne de crête

En plus du charbon, le secteur pétro-gazier devrait se retrouver pénalisé par le plan énergétique de Joe Biden. Le pétrole devrait ainsi voir ses parts de marché diminuer face à l’augmentation attendue des véhicules électriques. Quant au gaz, la décarbonation totale du secteur électrique d’ici 2035 risque de l’éliminer du mix électrique.

Cependant, le secteur gazier compte sur les technologies de capture et stockage de carbone (CCUS) pour rester dans le jeu. Le plan prévoit notamment 35 milliards d’investissements dans des innovations bas-carbone dont 15 consacrés à des projets de démonstration. Parmi ces projets, 2 se trouvent directement liés aux technologies CCUS qui bénéficiera également de l’extension du crédit d’impôt 45Q. Dans ce contexte, ExxonMobil vient d’annoncer un plan de 100 milliards de dollars afin de développer les CCUS.

Entre EnR et batteries, une possible dépendance à la Chine

Au-delà des oppositions des républicains ou de l’aile gauche du Parti démocrate, la Chine constituera le défi principal pour Biden. L’American Jobs Plan compte en effet créer massivement des emplois, condition indispensable au soutien pour la transition énergétique. Or, la domination chinoise sur les technologies bas-carbone risque de mettre en doute les ambitions de la Maison Blanche. Rappelons que pour l’éolien, six des dix plus grandes entreprises du secteur sont Chinoises.

Dans le solaire, le pays a acquis une avance sur la production des cellules photovoltaïques et des panneaux. Cette domination Chinoise explique la diminution des coûts de l’énergie solaire grâce à la diffusion des économies d’échelle. Pour Biden, la difficulté sera de s’assurer que les composants seront bien fabriqués aux États-Unis tout en restant compétitifs. Ce point sera d’autant plus important que la pression monte pour interdire l’importation de panneaux solaires produits au Xinjiang.

La Chine contrôle 73 % des cellules et 80 % du raffinage des métaux utilisés pour les batteries

Mais le point le plus épineux pour l’administration Biden consistera à ne plus dépendre de la Chine pour les batteries. Aujourd’hui, cette dernière contrôle près de 73 % des cellules et 80 % du raffinage des métaux utilisés. La Chine ouvre ainsi une méga-usine de production de batteries chaque semaine contre 1 tous les quatre mois aux États-Unis. Autant dire que ces derniers ont intérêt à augmenter leur production domestique sous peine de dépendre entièrement de la Chine.

C’est d’ailleurs l’argument utilisé par plusieurs sénateurs républicains contre le plan de Biden. Ils reprochent notamment à l’administration démocrate de favoriser les importations Chinoises de batteries au détriment du pétrole Américain. Afin de faire taire ces critiques, la Maison Blanche a intérêt à investir sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Cela passera notamment par la revitalisation du secteur minier Américain ainsi que par l’accélération de la construction de méga-usines.

L’Amérique veut innover

Dans ce domaine, les annonces récentes de Tesla au Nevada et LG et General Motors en Ohio semblent les bienvenues. En outre, Biden vient d’annoncer une exemption de propriété intellectuelle au fabricant sud-coréen SK Innovation pour qu’il produise en Géorgie. Cette décision a été largement motivée par la volonté des États-Unis de ne plus dépendre de la Chine.

Par conséquent, l’American Jobs Plan vise à transformer radicalement le paysage énergétique Américain vers une décarbonation en 2050. Près de 55 % du plan se trouve ainsi consacré aux investissements bas-carbone contre 30 % dans le plan européen. Cette focalisation sur les énergies renouvelables ne fait que traduire la volonté Américaine de retrouver un leadership sur le climat. Néanmoins, ce plan comporte le risque de favoriser la Chine, aujourd’hui dominante sur les technologies bas-carbone.

La loi Trump reconfigure les marchés énergétiques américains selon Wood Mackenzie

La loi One Big Beautiful Bill Act du président américain Donald Trump modifie radicalement les règles des investissements énergétiques, imposant des contraintes aux renouvelables tout en privilégiant les hydrocarbures, selon un récent rapport du cabinet Wood Mackenzie.

Le Sénat français adopte la proposition de loi Gremillet pour la transition énergétique

Le 8 juillet 2025, le Sénat a validé la proposition de loi Gremillet, visant à structurer la transition énergétique de la France avec des objectifs clairs pour le nucléaire, les énergies renouvelables et la rénovation énergétique.

Les six principales économies d’Amérique latine accélèrent leur transition vers les renouvelables

Brésil, Mexique, Argentine, Colombie, Chili et Pérou augmentent sensiblement leur production d’électricité renouvelable, atteignant près de 70 % du mix électrique régional, selon une récente étude de Wood Mackenzie publiée sur le secteur énergétique latino-américain.
en_11408072038540

Le Canada finance 13 projets énergétiques autochtones à hauteur de $40mn

Le gouvernement canadien annonce une enveloppe de plus de $40mn destinée à financer 13 projets énergétiques dirigés par des communautés autochtones à travers le pays, visant à accroître l'efficacité énergétique et l'utilisation des énergies renouvelables locales.

L’Allemagne étend à 2200 entreprises les aides sur les prix d’électricité

Le ministère allemand de l'Économie prévoit d'élargir significativement les aides destinées à réduire les coûts de l'électricité pour l'industrie, portant à 2200 le nombre d'entreprises bénéficiaires contre 350 actuellement, avec un coût estimé à €4bn ($4,7bn).

La France anticipe un ralentissement net des réductions d’émissions dès 2025

Les émissions françaises de gaz à effet de serre progresseraient de 0,2 % au premier trimestre 2025, annonçant un ralentissement global des réductions prévues pour l’année entière, selon le Citepa, organisme indépendant chargé du suivi national.
en_11407072047540

Le Sénat américain valide la fin accélérée des crédits aux énergies renouvelables

Le projet budgétaire républicain adopté par le Sénat américain accélère l'arrêt des crédits fiscaux aux énergies renouvelables, favorisant le secteur fossile, et provoque des inquiétudes économiques chez les industriels des secteurs solaire et éolien.

Brésil : le délestage des énergies renouvelables bondira de 300 % d’ici 2035

La hausse rapide des capacités solaires et éoliennes provoquera une augmentation marquée du délestage électrique au Brésil, les infrastructures de transport étant insuffisantes pour gérer cet afflux massif d’énergie, indique une étude récente du cabinet Wood Mackenzie.

La Corée du Sud réduit sa dépendance aux énergies fossiles sous 50 %

En avril 2025, les combustibles fossiles ont représenté 49,5 % du mix électrique sud-coréen, passant sous le seuil symbolique de 50 % pour la première fois, principalement en raison d'une chute historique de la production électrique issue du charbon.
en_11402909232540

Le Sénat américain adopte la neutralité fiscale pour les biocarburants avancés

La commission des Finances du Sénat américain modifie le crédit d'impôt '45Z' afin d'uniformiser le traitement fiscal des carburants renouvelables, encourageant ainsi la production de biocarburants avancés dès octobre 2025.

Énergies renouvelables: l’accès progresse, mais les financements restent insuffisants pour l’Afrique

Selon le rapport 2025 sur l'accès énergétique mondial, malgré une nette progression des énergies renouvelables, le manque de financements adaptés freine toujours l'accès à l'électricité et à la cuisson propre, notamment en Afrique subsaharienne.

Chine et États-Unis améliorent leurs performances énergétiques dans un contexte instable mondial

Alors que les économies avancées conservent leur leadership énergétique mondial, la Chine et les États-Unis progressent significativement dans la sécurité et la durabilité de leurs systèmes énergétiques selon le rapport annuel du Forum Économique Mondial.
en_1140290940540

L’Algérie et l’Angola renforcent leur coopération énergétique au sommet États-Unis–Afrique

En marge du sommet États-Unis–Afrique à Luanda, Alger et Luanda consolident leur collaboration énergétique afin de mieux exploiter leur potentiel pétrogazier et minier, ciblant une stratégie commune sur les marchés régionaux et internationaux.

Le Royaume-Uni appelé à accélérer les réformes du prix de l’électricité

Le Comité britannique sur le changement climatique presse le gouvernement de réduire rapidement les coûts d’électricité pour faciliter l'adoption des pompes à chaleur et des véhicules électriques, jugée trop lente pour atteindre les objectifs climatiques fixés.

Bruxelles élargit les subventions aux technologies bas carbone et au nucléaire

La Commission européenne prolongera jusqu'à fin 2030 un cadre d’aides d’État élargi, permettant aux capitales de financer technologies bas carbone et nucléaire afin de préserver la compétitivité face à la Chine et aux États-Unis.
en_1140290949540-7-1

Le Japon risque un déficit électrique majeur de 89 GW dès 2050

Le gestionnaire japonais du réseau électrique anticipe un déficit énergétique pouvant atteindre 89 GW en 2050, en raison d'une demande croissante liée aux secteurs des puces électroniques, des véhicules électriques et des technologies basées sur l’intelligence artificielle.

L’UE valide des aides énergétiques ciblées pour les industries lourdes européennes

Les industries énergivores européennes pourront bénéficier d'aides d'État temporaires afin d'atténuer l'impact des prix élevés de l'électricité, selon un nouveau cadre réglementaire proposé par la Commission européenne dans le cadre du « Clean Industrial Deal ».

Maurice lance un appel d’offres international pour une centrale électrique flottante

Maurice cherche des investisseurs internationaux afin de construire rapidement une centrale électrique flottante d’environ 100 MW, destinée à sécuriser l’approvisionnement énergétique national d'ici janvier 2026 et pallier les déficits actuels de production.
en_114024062043540

L’Espagne et le Portugal renforcent leur réseau après la panne d’avril

Madrid annonce des mesures immédiates sur le stockage énergétique tandis que Lisbonne sécurise son réseau électrique, en réponse à la coupure historique ayant touché toute la péninsule ibérique fin avril.

L’Indonésie engage 190 milliards USD pour augmenter sa capacité énergétique d’ici 2034

L’Indonésie déploie son nouveau plan énergétique national prévoyant une hausse de capacité électrique de 69,5 GW sur dix ans, principalement financée par des producteurs indépendants, pour répondre à une demande intérieure en forte croissance.

Poursuivez votre lecture en choisissant l’une des options

Compte gratuit

Accès membres