La centrale à charbon de Komati, située à Middelburg, à l’est de Johannesburg, a fermé ses portes en 2022 pour se convertir en un site phare de la transition énergétique de l’Afrique du Sud. Cependant, deux ans plus tard, la reconversion est loin d’être achevée, et le projet est aujourd’hui source de controverses.
Komati était l’une des plus anciennes centrales électriques du pays, fournissant 121 mégawatts (MW) d’électricité au réseau national. Sa fermeture, tout comme celle envisagée pour cinq autres centrales d’ici 2030, fait partie du Partenariat pour une Transition Énergétique Juste (JETP) mis en place par le gouvernement sud-africain en collaboration avec des partenaires internationaux. Le projet bénéficie d’un financement de 497 millions de dollars de la Banque mondiale pour transformer le site en un complexe énergétique capable de produire 150 MW de solaire, 70 MW d’éolien et 150 MW de batteries de stockage.
Retards et difficultés de mise en œuvre
Malgré l’envergure du projet, les travaux de conversion n’ont pas encore véritablement commencé, en raison de retards administratifs et d’une mauvaise organisation. Le directeur général de la centrale, Theven Pillay, admet que des erreurs ont été commises dès le départ : « Nous aurions dû anticiper davantage. Nous considérons que ce projet n’est pas un succès pour le moment. »
De son côté, Samantha Graham, ministre adjointe de l’Énergie, a reconnu que la fermeture a laissé les employés dans une situation critique. Avant sa fermeture, Komati employait 393 personnes, mais seulement 162 d’entre eux travaillent encore sur le site, les autres ayant été reclassés ou ont accepté des indemnités de départ.
Un impact social difficile à gérer
La fermeture de Komati a également eu un impact majeur sur la petite ville minière de Middelburg, où la centrale constituait la principale source d’emplois. De nombreuses maisons ont été abandonnées, et les travailleurs restants sont confrontés à des défis financiers importants. Sizwe Shandu, employé depuis 2008, décrit la situation comme un traumatisme pour les familles locales. « Nous comptons désormais sur l’aide gouvernementale pour subvenir à nos besoins », déclare-t-il.
Eskom, la compagnie publique d’électricité qui exploite la centrale, prévoit de créer 363 emplois permanents et 2 733 emplois temporaires sur le site, mais les projets de reconversion, tels que l’élevage piscicole et les espaces de maraîchage intégrés aux installations solaires, progressent lentement. Sept personnes ont été formées pour ces activités, bien en deçà des 21 initialement prévues.
Un exemple pour les futures fermetures
L’expérience de Komati est devenue un cas d’école pour les autorités qui cherchent à éviter les mêmes erreurs lors des prochaines fermetures de centrales. Les retards ont révélé la complexité de la reconversion et la nécessité de mieux planifier la transition des travailleurs avant la fermeture des installations.
Depuis le lancement du JETP en Afrique du Sud, d’autres pays comme l’Indonésie, le Vietnam et le Sénégal ont conclu des partenariats similaires. Cependant, le rythme de mise en œuvre reste lent, et peu de centrales ont été fermées à ce jour.
Vers un mix énergétique durable
L’Afrique du Sud reste fortement dépendante du charbon, qui représente environ 80 % de sa production électrique. « Nous avons encore 200 ans de réserves de charbon dans nos sous-sols, » déclare Eskom. Le pays prévoit de poursuivre l’exploitation de ces ressources tout en augmentant progressivement la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique.
Aujourd’hui, seulement 7 % de l’énergie sud-africaine provient de sources renouvelables, une augmentation de 1 % par rapport à il y a dix ans. Le gouvernement espère néanmoins parvenir à un « mix énergétique stable et durable », tout en naviguant entre les pressions internationales et ses propres impératifs économiques.