L’Afrique du Sud a décidé de repousser le lancement de son projet de centrale nucléaire pour mieux répondre aux préoccupations juridiques et améliorer la consultation publique. Le projet, qui vise à ajouter 2 500 MW au réseau électrique national, est critiqué pour son manque de transparence, ce qui a conduit à des contestations de la part du Democratic Alliance (DA), aujourd’hui partie intégrante de la coalition gouvernementale, et de plusieurs ONG. Le ministre de l’Électricité et de l’Énergie, Kgosientsho Ramokgopa, a donc annoncé le retrait temporaire du document officiel autorisant le lancement de l’appel d’offres, le temps de renforcer la participation du public et d’ajuster le rapport soutenant ce projet.
Cette décision intervient dans un contexte où la capacité énergétique du pays est sous tension, avec un besoin pressant d’augmenter la production pour éviter de nouvelles pannes d’électricité. Le projet nucléaire est considéré comme une réponse stratégique à ce défi, mais les leçons du passé, notamment l’échec de l’accord de 9 600 MW avec la Russie sous la présidence de Jacob Zuma, obligent le gouvernement à agir avec une transparence irréprochable.
Réformes du marché électrique et enjeux juridiques
En parallèle, la signature par le président Cyril Ramaphosa de la Electricity Regulation Amendment Act marque un tournant significatif dans la régulation du marché de l’électricité en Afrique du Sud. Cette loi vise à introduire davantage de concurrence dans un secteur historiquement dominé par Eskom, l’opérateur public. L’objectif est de rendre le marché plus dynamique et d’améliorer l’efficacité de la distribution d’électricité, un impératif pour une économie lourdement impactée par des coupures de courant.
Le report du projet nucléaire, bien que perçu comme un recul temporaire, s’inscrit dans une stratégie plus large de restructuration du secteur énergétique. Ce délai, estimé entre trois et six mois, permettra d’assurer que le processus d’appel d’offres soit à l’abri de tout recours juridique ultérieur, une nécessité pour éviter les erreurs qui ont marqué l’accord avorté avec la Russie.
Les réformes en cours soulignent l’engagement du gouvernement à créer un environnement de marché plus compétitif et transparent. Cependant, la nécessité de répondre aux besoins énergétiques croissants reste un défi majeur, et les professionnels du secteur surveillent de près les développements de ce dossier, conscients de l’impact potentiel de ces retards sur la stabilité énergétique du pays.
Impact sur la stratégie énergétique sud-africaine
L’Afrique du Sud, en tant que seule nation africaine à disposer d’une centrale nucléaire opérationnelle, se trouve à un carrefour critique de sa politique énergétique. L’extension de la durée de vie de la centrale de Koeberg de 20 ans confirme l’importance de l’énergie nucléaire dans le mix énergétique du pays, malgré les réticences du public et les défis juridiques.
Le gouvernement, tout en avançant avec prudence, continue de considérer l’énergie nucléaire comme un pilier essentiel de sa stratégie pour garantir un approvisionnement stable et diversifié. Les consultations en cours visent à consolider cette approche, tout en s’assurant que le cadre réglementaire et les processus d’approvisionnement soient alignés avec les meilleures pratiques internationales.
Le report du projet reflète aussi la nécessité pour le gouvernement de gagner la confiance des parties prenantes, en particulier dans un secteur où les erreurs du passé ont laissé des traces durables. L’accent mis sur la transparence et la participation publique marque un changement de ton, mais le temps presse pour que le pays atteigne ses objectifs énergétiques tout en naviguant entre les contraintes juridiques et les impératifs de décarbonation.