Programme Gazier: l’Irak en Quête d’Indépendance

Le programme gazier Irakien vise à relancer l'exploitation des réserves gazières de l'Irak après un quart de siècle de guerre.|Le programme gazier Irakien vise à relancer l'exploitation des réserves gazières de l'Irak après un quart de siècle de guerre.

Partager:

Le programme gazier Irakien vise à relancer l’exploitation des réserves gazières de l’Irak après un quart de siècle de guerre. Le pays est en effet dans une situation d’insécurité énergétique sévère, tributaire des tensions entre l’Iran, son principal fournisseur de gaz et d’électricité, et les États-Unis.

Un programme gazier et des réserves potentiellement immenses

Le programme gazier Irakien vise à exploiter les réserves de gaz afin de contribuer à l’indépendance énergétique du pays. C’est en tout cas l’objectif annoncé par le Premier ministre Moustafa al-Kazimi lors de son arrivée au pouvoir en 2020. Le pays bénéficie en effet d’un fort potentiel de réserves estimé à 3500 milliards de mètres cube (tcm). L’Agence internationale de l’énergie estime même à 8 tcm la quantité potentielle de réserves disponibles.

Pourtant, ces réserves sont aujourd’hui largement sous-exploitées, le pays ne produisant quasiment pas de gaz. Cela s’explique par la forte proportion (près des ¾) de réserves liées à du gaz associé aux gisements pétroliers. Or, ce gaz se trouve en grande partie brûlé lors d’opérations de torchage. Aujourd’hui, seule la Russie brûle autant de gaz que l’Irak.

Irak - Scènes d'affrontements
Manifestation à Bagdad (Irak), le 1er octobre 2019. AHMAD AL-RUBAYE / AFP

Attirer les investisseurs étrangers pour construire les gazoducs

Dans ces conditions, le gouvernement Irakien souhaite attirer les investisseurs étrangers afin d’exploiter ce gaz associé. La principale difficulté consiste à l’heure actuelle à construire les gazoducs permettant d’exporter ce gaz vers les marchés de consommation. Pour lever cet obstacle, Bagdad a dévoilé un livre blanc consacré à une réforme énergétique en octobre 2020.

Depuis lors, cette stratégie a connu un premier succès avec la signature d’un accord avec Total pour 7 milliards d’euros. L’accord signé fin mars prévoit l’exploitation de près de 300 millions de pieds cubes par jour (mscf/d). Cette quantité doublera ensuite lors de la seconde phase du projet permettant à l’Irak d’augmenter substantiellement sa production gazière.

Renforcer la sécurité énergétique de l’Irak

Le programme gazier irakien enregistre donc un succès important avec l’accord passé avec Total. Pour Bagdad, il s’agit pourtant d’une première étape afin de faire du gaz un pilier central de sa sécurité énergétique. L’Irak se retrouve en effet confronté à des pénuries chroniques d’électricité depuis l’invasion américaine de 2003.

D’une part, du fait de sa démographie galopante, le pays connaît une explosion de la demande d’énergie depuis plusieurs années. D’autre part, l’offre se voit limitée par la corruption endémique du distributeur d’électricité et la vétusté des infrastructures. Cette dichotomie entre l’offre et la demande entraîne régulièrement des émeutes de population protestant contre les pénuries. Facilitant d’autant les attaques terroristes contre le réseau.

La dépendance de l’Irak à l’Iran

Ce décalage entre l’offre et la demande pousse Bagdad à importer du gaz et de l’électricité auprès du voisin Iranien. En matière de gaz, le pays importe ainsi 1,2 milliard de pieds cubes par jour (bcf/d) de gaz Iranien. Pour l’électricité, le niveau d’importation s’élève à 1200 MW chaque année.

Cette dépendance à l’Iran rend l’Irak vulnérable au bon vouloir de son voisin. Ainsi, en décembre dernier, Téhéran avait interrompu près de la moitié de ses approvisionnements vers l’Irak pour une question d’impayés. Cela avait entraîné de nombreuses coupures d’électricité et de nouvelles manifestations contre le gouvernement. Beaucoup estiment que cette crise a démontré la volonté Iranienne d’utiliser l’arme énergétique afin d’influencer la politique de son voisin.

Discussions autour des exploitations gazières en Irak
Le président iranien Hassan Rouhani (à droite) et le président irakien Barham Salih (à gauche) à Téhéran, en Iran, le 17 novembre 2018. (Source : New China)

L’Irak pris en étau entre Téhéran et Washington

En exploitant ses propres réserves, le programme gazier Irakien vise dès lors à réduire la dépendance de Bagdad envers Téhéran. Pourtant, les tensions Iran – États-Unis rendent cette tâche particulièrement ardue pour le gouvernement Irakien. En effet, l’Irak est devenu un champ de bataille dans la rivalité irano-américaine depuis la sortie américaine de l’accord nucléaire (JCPOA).

Depuis 2018, Téhéran et Washington se livrent une bataille d’influence en Irak conduisant à des attaques contre les bases américaines. Ces attaques se sont accrues depuis l’assassinat du général Soleimani à Bagdad début janvier 2020. L’Iran utilise notamment ses milices chiites Irakiennes afin de s’en prendre aux intérêts Américains en Irak. Coincé au milieu, le gouvernement Irakien doit maintenir un équilibre difficile entre ces deux puissances.

Des tensions qui peuvent faire dérailler le programme gazier irakien

Cette position inconfortable du pays a des conséquences majeures sur le plan énergétique. D’un côté, l’Irak dépend ainsi de son voisin Iranien pour son approvisionnement en gaz et en électricité. D’un autre côté, les États-Unis imposent des sanctions depuis 2018 pour toute entreprise commerçant avec une entité Iranienne. Pour l’heure, l’Irak bénéficie d’une exemption temporaire aux sanctions américaines conditionnée à des efforts réels en matière d’indépendance énergétique.

C’est pourquoi le programme gazier Irakien a reçu le soutien diplomatique de Washington. Cependant, l’Iran voit d’un mauvais œil cette quête d’indépendance énergétique et met tout en œuvre pour l’arrêter. Cela passe notamment par des pressions au Parlement Irakien ainsi que par la corruption au plus haut niveau de l’État. Surtout, Téhéran utilise le poids des milices chiites dans l’appareil de sécurité comme facteur de pression sur le gouvernement Irakien.

En conséquence, la route sera longue avant de voir l’Irak accéder à son indépendance énergétique. En permettant l’exploitation des réserves, le programme gazier Irakien constitue certes un pas vers la bonne direction. Néanmoins, les tensions croissantes entre l’Iran et les États-Unis risquent de compliquer les ambitions Irakiennes. Bagdad a ici tout intérêt à voir Washington et Téhéran s’accorder sur la question du nucléaire dans les prochains mois.

Brésil : le délestage des énergies renouvelables bondira de 300 % d’ici 2035

La hausse rapide des capacités solaires et éoliennes provoquera une augmentation marquée du délestage électrique au Brésil, les infrastructures de transport étant insuffisantes pour gérer cet afflux massif d’énergie, indique une étude récente du cabinet Wood Mackenzie.

La Corée du Sud réduit sa dépendance aux énergies fossiles sous 50 %

En avril 2025, les combustibles fossiles ont représenté 49,5 % du mix électrique sud-coréen, passant sous le seuil symbolique de 50 % pour la première fois, principalement en raison d'une chute historique de la production électrique issue du charbon.

Le Sénat américain adopte la neutralité fiscale pour les biocarburants avancés

La commission des Finances du Sénat américain modifie le crédit d'impôt '45Z' afin d'uniformiser le traitement fiscal des carburants renouvelables, encourageant ainsi la production de biocarburants avancés dès octobre 2025.
en_1140290934540

Énergies renouvelables: l’accès progresse, mais les financements restent insuffisants pour l’Afrique

Selon le rapport 2025 sur l'accès énergétique mondial, malgré une nette progression des énergies renouvelables, le manque de financements adaptés freine toujours l'accès à l'électricité et à la cuisson propre, notamment en Afrique subsaharienne.

Chine et États-Unis améliorent leurs performances énergétiques dans un contexte instable mondial

Alors que les économies avancées conservent leur leadership énergétique mondial, la Chine et les États-Unis progressent significativement dans la sécurité et la durabilité de leurs systèmes énergétiques selon le rapport annuel du Forum Économique Mondial.

L’Algérie et l’Angola renforcent leur coopération énergétique au sommet États-Unis–Afrique

En marge du sommet États-Unis–Afrique à Luanda, Alger et Luanda consolident leur collaboration énergétique afin de mieux exploiter leur potentiel pétrogazier et minier, ciblant une stratégie commune sur les marchés régionaux et internationaux.
en_114026092029540

Le Royaume-Uni appelé à accélérer les réformes du prix de l’électricité

Le Comité britannique sur le changement climatique presse le gouvernement de réduire rapidement les coûts d’électricité pour faciliter l'adoption des pompes à chaleur et des véhicules électriques, jugée trop lente pour atteindre les objectifs climatiques fixés.

Bruxelles élargit les subventions aux technologies bas carbone et au nucléaire

La Commission européenne prolongera jusqu'à fin 2030 un cadre d’aides d’État élargi, permettant aux capitales de financer technologies bas carbone et nucléaire afin de préserver la compétitivité face à la Chine et aux États-Unis.

Le Japon risque un déficit électrique majeur de 89 GW dès 2050

Le gestionnaire japonais du réseau électrique anticipe un déficit énergétique pouvant atteindre 89 GW en 2050, en raison d'une demande croissante liée aux secteurs des puces électroniques, des véhicules électriques et des technologies basées sur l’intelligence artificielle.
en_114025062044540

L’UE valide des aides énergétiques ciblées pour les industries lourdes européennes

Les industries énergivores européennes pourront bénéficier d'aides d'État temporaires afin d'atténuer l'impact des prix élevés de l'électricité, selon un nouveau cadre réglementaire proposé par la Commission européenne dans le cadre du « Clean Industrial Deal ».

Maurice lance un appel d’offres international pour une centrale électrique flottante

Maurice cherche des investisseurs internationaux afin de construire rapidement une centrale électrique flottante d’environ 100 MW, destinée à sécuriser l’approvisionnement énergétique national d'ici janvier 2026 et pallier les déficits actuels de production.

L’Espagne et le Portugal renforcent leur réseau après la panne d’avril

Madrid annonce des mesures immédiates sur le stockage énergétique tandis que Lisbonne sécurise son réseau électrique, en réponse à la coupure historique ayant touché toute la péninsule ibérique fin avril.
en_1140290977540-2-1-768x364

L’Indonésie engage 190 milliards USD pour augmenter sa capacité énergétique d’ici 2034

L’Indonésie déploie son nouveau plan énergétique national prévoyant une hausse de capacité électrique de 69,5 GW sur dix ans, principalement financée par des producteurs indépendants, pour répondre à une demande intérieure en forte croissance.

France : Moratoire sur les renouvelables ; alerte sur l’impact industriel immédiat

La ministre française Agnès Pannier-Runacher dénonce le moratoire parlementaire sur les nouvelles installations d'énergies renouvelables, alertant sur la possible suppression de 150 000 emplois industriels et sur une dépendance énergétique accrue envers l’étranger.

Le nouveau règlement européen sur les batteries bouleverse la filière industrielle européenne

Le règlement européen sur les batteries, pleinement effectif dès le 18 août, modifie profondément les contraintes industrielles liées aux voitures et vélos électriques, imposant aux entreprises des règles strictes de recyclage, d'approvisionnement et de transparence.
en_114022062070540

Le Parlement européen presse Bruxelles d’agir sur les réseaux énergétiques

Le Parlement européen appelle la Commission à renforcer les infrastructures énergétiques et accélérer l'application du Pacte industriel vert afin d'améliorer la flexibilité et la sécurité énergétique du continent face à une volatilité accrue des marchés.

L’Europe investit massivement dans les réseaux électriques et le Clean Industrial Deal

La Commission européenne dévoile un plan ambitieux pour moderniser les réseaux électriques et lance le Clean Industrial Deal, mobilisant plusieurs centaines de milliards d'euros afin de renforcer l'autonomie industrielle et énergétique du continent.

Wood Mackenzie souligne l’avantage des services publics régulés face au boom des data centres

Aux États-Unis, les opérateurs de réseaux électriques régulés bénéficient d'un avantage décisif pour connecter au réseau les nouveaux centres de données, représentant désormais 134 GW de projets, selon un rapport de Wood Mackenzie publié le 19 juin.
en_114019062067540

La France fixe un objectif de 200 TWh renouvelables pour 2030

L’Assemblée nationale française valide un objectif chiffré à 200 TWh de production d’électricité renouvelable à l’horizon 2030, dans un texte législatif largement débattu sur le futur mix énergétique national.

États-Unis : stagnation des émissions en 2024, incertitudes sous l’administration Trump

En 2024, les émissions américaines de CO₂ restent stables à 5,1 milliards de tonnes, alors que l’administration Trump prépare une politique énergétique favorable aux hydrocarbures, soulevant des questions sur l’évolution future du marché américain.