L’Allemagne sort, divisée, de l’ère du nucléaire

L'Allemagne a mis hors service ses trois derniers réacteurs nucléaires, concluant ainsi une transition énergétique de plus de 20 ans vers les énergies renouvelables. Cependant, le pays reste confronté au défi de réduire sa dépendance au charbon, qui représente encore un tiers de sa production électrique.

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L’Allemagne a mis à l’arrêt samedi ses trois derniers réacteurs nucléaires, aboutissement de plus de 20 ans d’abandon progressif de l’énergie atomique dans le pays, malgré les controverses et la récente crise énergétique en Europe. Les centrales d’Isar 2 (sud-est), Neckarwestheim (sud-ouest) et Emsland (nord-ouest) ont été déconnectées du réseau…

L’Allemagne a mis à l’arrêt samedi ses trois derniers réacteurs nucléaires, aboutissement de plus de 20 ans d’abandon progressif de l’énergie atomique dans le pays, malgré les controverses et la récente crise énergétique en Europe.

Les centrales d’Isar 2 (sud-est), Neckarwestheim (sud-ouest) et Emsland (nord-ouest) ont été déconnectées du réseau électrique avant minuit (22h00 GMT), comme prévu, ont indiqué leurs exploitants, l’énergéticien RWE parlant de « la fin d’une ère ». Le première puissance industrielle d’Europe a respecté, à quelques mois près, le calendrier de la transition énergétique fixé au début des années 2000 et accéléré en 2011, après la catastrophe de Fukushima, par un revirement spectaculaire de l’ex-chancelière Angela Merkel.

Cette stratégie de renoncement à l’atome, perçu comme dangereux par de larges pans de la population, déconcerte nombre de partenaires de l’Allemagne qui estiment que le nucléaire a un rôle à jouer pour décarboner la production d’électricité. La crise gazière déclenchée par la guerre en Ukraine a mis une pression supplémentaire sur Berlin. Et relancé le débat, dans la classe politique comme au sein de l’opinion, sur l’opportunité de fermer les centrales.

La sortie du nucléaire « arrive trop tard et non trop tôt », a lancé samedi lors d’un rassemblement à Berlin le député Jürgen Trittin, figure du parti des Verts.

« Parti pris »

Le 15 avril est une « date historique », a-t-il assuré. C’est l’aboutissement du combat mené depuis plusieurs décennies par le puissant mouvement antinucléaire allemand contre « une technologie dangereuse, non durable et coûteuse ». Devant la porte de Brandebourg, cet adieu à l’atome, symbolisé par une dépouille de dinosaure, a rassemblé quelques centaines personnes, tout comme à Munich et dans d’autres villes d’Allemagne.

Depuis 2003, le pays a déjà fermé 16 réacteurs. L’invasion de l’Ukraine a marqué une césure. Privée du gaz russe dont Moscou a interrompu l’essentiel des flux, l’Allemagne s’est retrouvée exposée aux scénarios économiques les plus noirs. Le gouvernement d’Olaf Scholz a prolongé le fonctionnement des réacteurs de quelques mois, par rapport à l’arrêt initialement fixé au 31 décembre. L’hiver s’est finalement passé sans pénuries, la Russie a été remplacée par d’autres fournisseurs de gaz mais le consensus autour de la sortie du nucléaire s’est effrité : dans un récent sondage pour la chaîne de télévision publique ARD, 59% des personnes interrogées y voient une mauvaise idée dans le contexte actuel.

« C’est une erreur stratégique, dans un environnement géopolitique toujours tendu », a affirmé Bijan Djir-Sarai, secrétaire général du parti libéral FDP, pourtant partenaire de la coalition gouvernementale d’Olaf Scholz et des écologistes. Pour le chef de l’opposition conservatrice (CDU) Friedrich Merz, l’abandon du nucléaire est le fruit d’un « parti pris quasi fanatique ». « (…) Le mythe fondateur des Verts triomphe de toute raison », a-t-il twitté. Les trois dernières centrales n’ont fourni que 6% de l’électricité produite en Allemagne l’an dernier, alors que le nucléaire représentait 30,8% du mix en 1997. Entre-temps, la part des énergies renouvelables a atteint 46% en 2022, contre moins de 25% dix ans plus tôt.

Charbon

Mais en Allemagne, le plus gros émetteur de CO2 de l’Union européenne, le charbon représente encore un tiers de la production électrique, avec une hausse de 8% l’an dernier pour faire face à l’absence de gaz russe. « La relance de l’énergie fossile pour compenser la sortie du nucléaire ne va pas dans le sens de l’action climatique », a tancé cette semaine le ministère français de la Transition énergétique. La France, avec 56 réacteurs, reste le pays le plus nucléarisé au monde par habitant.

Au niveau européen, les divergences sont vives entre Paris et Berlin sur le rôle de l’atome. L’Allemagne préfère se concentrer sur son objectif de couvrir 80% de ses besoins en électricité grâce aux énergies renouvelables dès 2030, tout en fermant ses centrales à charbon en 2038 au plus tard. « Au cours des dix dernières années, l’Allemagne n’a pas fait progresser le développement des énergies renouvelables autant qu’il aurait été nécessaire pour la protection du climat et la transition énergétique », explique à l’AFP Simon Müller, directeur Allemagne du centre d’études Agora Energiewende. Il faudra installer « 4 à 5 éoliennes chaque jour » au cours des prochaines années pour couvrir les besoins, a prévenu Olaf Scholz.

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