La Turquie a exprimé sa préoccupation face à la menace croissante sur ses approvisionnements énergétiques après que trois tankers russes ont été la cible d’attaques en mer Noire. Le ministre turc de l’Énergie et des Ressources naturelles, Alparslan Bayraktar, a souligné le risque pour les deux pipelines sous-marins reliant la Russie à la Turquie : Blue Stream et TurkStream.
Une infrastructure énergétique vulnérable
Lors d’une conférence de presse, Bayraktar a rappelé que les infrastructures énergétiques doivent rester en dehors des conflits armés, en référence au sabotage du gazoduc Nord Stream en 2022. Selon lui, la Turquie dépend largement des importations de gaz naturel, notamment depuis la Russie, qui fournit près de la moitié des besoins énergétiques du pays. Il a appelé à maintenir les flux énergétiques sans interruption dans la région de la mer Noire ainsi que dans les détroits du Bosphore et des Dardanelles.
Les récentes attaques ont été revendiquées par l’Ukraine, dont les drones navals auraient touché deux tankers le 28 novembre, suivis d’un troisième le 2 décembre, alors qu’il se dirigeait vers le port turc de Sinop. Le président Recep Tayyip Erdogan a condamné ces actions, les qualifiant de menace pour la sécurité de la navigation et l’environnement, en particulier dans les eaux relevant de la juridiction turque.
La diversification énergétique en ligne de mire
En réponse aux pressions internationales, notamment américaines, pour réduire sa dépendance aux hydrocarbures russes, Ankara cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement. Des accords ont été signés récemment avec des entreprises américaines pour l’achat de gaz naturel liquéfié. Bayraktar a toutefois défendu les relations énergétiques avec la Russie, qualifiant Moscou de “fournisseur fiable” depuis les années 1980.
La compagnie publique BOTAS a récemment renouvelé un contrat d’importation de gaz avec Gazprom. Parallèlement, la coopération énergétique s’étend au secteur nucléaire, avec la construction de la centrale d’Akkuyu par le conglomérat étatique russe Rosatom.
Le nucléaire confronté à des blocages financiers
Le projet Akkuyu, situé sur la côte méditerranéenne, comprendra quatre réacteurs censés couvrir environ 10% de la consommation électrique nationale. Malgré son avancement, le chantier a connu plusieurs retards, notamment liés aux sanctions internationales qui limitent les échanges de composants occidentaux avec des entités russes.
Bayraktar a précisé que la Turquie s’était tournée vers des fournisseurs chinois pour certains équipements. Toutefois, un financement estimé à $2 milliards reste bloqué auprès de la banque américaine JP Morgan, conséquence directe du gel des avoirs russes par les pays occidentaux. “Nous devons jouer un rôle de modérateur pour débloquer ces fonds, essentiels pour le projet”, a déclaré le ministre.