Le ministère australien du Climat, de l’Énergie, de l’Environnement et de l’Eau a officiellement lancé Tender 8 dans le cadre du Capacity Investment Scheme (CIS), visant à déployer 4 GW de capacité de stockage électrique équivalente à quatre heures, soit un volume total de 16 GWh. Cette procédure s’inscrit dans la trajectoire fixée par le gouvernement pour atteindre 82 % d’électricité renouvelable à l’horizon 2030, en réponse à la baisse marquée des investissements dans les projets éoliens et solaires.
Une nouvelle place pour les projets agrégés
Pour la première fois, le dispositif autorise la candidature de projets dits “agrégés” composés de plusieurs unités de stockage de 5 à 30 MW localisées dans une même région du National Electricity Market (NEM). Cette mesure permet à des développeurs industriels, commerciaux ou municipaux de mutualiser leurs actifs afin d’accéder aux contrats CISAs, jusqu’ici réservés aux installations de grande envergure. Les projets unitaires, eux, doivent respecter un seuil minimal de 30 MW, confirmant l’orientation principale du tender vers des systèmes de type utility-scale.
Accélérer la mise en service des capacités de secours
Le calendrier fixé impose une soumission des offres d’ici le 6 février 2026. Le choix d’une procédure en une seule phase, avec dépôts simultanés de tous les éléments requis, reflète la volonté de réduire les délais administratifs. Toutefois, cela augmente la pression sur les développeurs, qui doivent disposer de dossiers complets dès la première échéance, sans possibilité d’ajustements ultérieurs.
Réponse directe au gel des investissements privés
Le lancement de Tender 8 intervient dans un contexte de repli significatif des décisions finales d’investissement (FID) sur les grands projets renouvelables. Le gouvernement fédéral y répond par la mise en place de contrats de soutien à long terme, offrant un plancher de revenus sur 10 à 15 ans pour les projets de stockage. Cette garantie financière vise à sécuriser les flux de trésorerie d’actifs confrontés à une forte volatilité des revenus sur les marchés de l’électricité et des services systèmes.
Vers une architecture énergétique hybride
L’introduction des portefeuilles agrégés permet d’envisager un futur modèle énergétique mixte, combinant les grandes installations centralisées et des ressources distribuées regroupées sous gouvernance unique. Ce format pourrait être étendu à d’autres appels d’offres, ouvrant une voie vers une interconnexion plus fine entre acteurs industriels, territoires et technologies de stockage.
Impacts potentiels sur le marché et les opérateurs
Les développeurs de batteries de grande capacité présents sur le NEM, comme Neoen, AGL et Origin, bénéficient ainsi d’une visibilité accrue sur le refinancement de leurs actifs. Parallèlement, les agrégateurs de taille moyenne peuvent désormais structurer des offres compétitives et capter une partie des flux financiers jusqu’ici réservés aux projets de plus grande envergure. Les équipementiers, quant à eux, devront adapter leurs produits à une logique multi-sites intégrée répondant aux normes techniques de l’Australian Energy Market Operator (AEMO).
Capacité à renforcer la stabilité du réseau national
Avec ces 16 GWh supplémentaires, le NEM se rapproche d’un portefeuille de stockage suffisant pour couvrir les déficits de production renouvelable sur plusieurs heures. Cela représente un levier important pour anticiper la fermeture progressive du parc charbon. L’installation de batteries à proximité des Renewable Energy Zones (REZ) pourrait également contribuer à la réduction des congestions locales et des pertes d’énergie.
Risques de décalage entre annonces et réalité
Les experts identifient plusieurs zones d’incertitude, notamment les retards potentiels liés aux chaînes d’approvisionnement ou aux délais de raccordement. De plus, l’empilement des dispositifs fédéraux et étatiques risque de brouiller les signaux de marché et d’alourdir les processus d’éligibilité. Enfin, l’absence de valorisation spécifique des durées de stockage longues limite encore la diversification des technologies disponibles à moyen terme.