La Hongrie a significativement augmenté ses expéditions de produits pétroliers vers la Serbie, a annoncé le ministre hongrois des Affaires étrangères Peter Szijjarto lors d’une visite à Belgrade. Cette décision intervient à la veille d’une suspension annoncée de la seule raffinerie pétrolière serbe, exploitée par Naftna Industrija Srbije (NIS), en raison des sanctions américaines liées à sa majorité détenue par des groupes russes.
Selon Peter Szijjarto, la société hongroise Magyar Olaj- és Gázipari Részvénytársaság (MOL) a plus que doublé ses livraisons depuis novembre, avec la possibilité d’augmenter encore les volumes si la situation l’exige. Le responsable hongrois a déclaré que son pays s’engageait à aider la Serbie à maintenir sa sécurité énergétique durant cette période de tension d’approvisionnement.
Un arrêt anticipé de la raffinerie de Pancevo
Le gouvernement serbe tente de faire face à une possible crise énergétique hivernale après l’entrée en vigueur des sanctions américaines, le 9 octobre, en lien avec la guerre en Ukraine. Ces mesures visent directement la structure capitalistique de NIS, dont les actionnaires majoritaires sont Gazprom et Gazprom Neft. La raffinerie de Pancevo, opérée par NIS, pourrait cesser complètement ses activités avant la fin de la semaine si aucune solution n’est trouvée pour sécuriser les approvisionnements.
Le président serbe Aleksandar Vucic a déclaré que les réserves actuelles permettraient de maintenir la distribution de carburants jusqu’à la fin de l’année. Il a toutefois donné un délai de 50 jours aux actionnaires russes et aux candidats à la reprise — parmi lesquels des entités hongroises et émiraties — pour conclure un accord susceptible de satisfaire les exigences américaines de désengagement russe.
Pression croissante sur NIS et la Banque centrale
La direction de NIS a demandé une dérogation temporaire aux sanctions en attendant une résolution, mais aucune réponse n’a encore été apportée par les autorités américaines. Dans l’intervalle, les paiements par carte Visa et Mastercard ne sont plus acceptés dans les stations-service NIS, seuls les paiements en espèces ou via la carte Dina, soutenue par la Banque nationale de Serbie, demeurent fonctionnels.
Face à la possibilité d’un blocage prolongé, la Banque centrale serbe a averti qu’elle cesserait toute collaboration avec NIS si aucun accord n’était trouvé dans le délai imparti. Parallèlement, les autorités serbes ont introduit une mesure budgétaire permettant une prise de contrôle étatique de l’entreprise, malgré la réticence initiale liée aux liens historiques avec Moscou.
Vers un possible changement d’actionnariat
La Serbie avait cédé le contrôle de NIS en 2008 à Gazprom et Gazprom Neft pour un montant de 400 millions d’euros. À présent, alors que les négociations stagnent, l’hypothèse d’une nationalisation temporaire revient sur la table. Cette option, autrefois écartée pour préserver les relations bilatérales avec la Russie, est désormais examinée avec davantage d’intérêt par Belgrade, dans un contexte où la stabilité énergétique du pays est en jeu.