Les importations de pétrole russe par l’Inde devraient atteindre leur plus bas niveau en trois ans dès le mois de décembre, après avoir connu un pic en novembre. Cette baisse résulte d’un repli stratégique des raffineurs indiens face à l’intensification des sanctions occidentales contre Moscou. Plusieurs sociétés de raffinage indiennes réorientent leurs achats pour éviter toute violation des nouvelles mesures restrictives.
Les sanctions imposées récemment par les États-Unis ciblent directement des producteurs russes majeurs tels que Rosneft et Lukoil. Les acheteurs disposaient d’un délai jusqu’au 21 novembre pour cesser toute activité avec ces entreprises. L’Union européenne, de son côté, a fixé au 21 janvier une échéance après laquelle elle rejettera tout carburant issu de raffineries ayant traité du brut russe dans les 60 jours précédant la date de chargement.
Les raffineurs indiens cherchent à sécuriser leurs approvisionnements
Face à la pression bancaire croissante et au renforcement du contrôle financier, les raffineries publiques indiennes se montrent particulièrement prudentes. Selon un cadre du secteur, l’Inde devrait importer entre 600 000 et 650 000 barils par jour de brut russe en décembre, contre 1,87 million de barils par jour en novembre. Cette estimation inclut les achats d’Indian Oil Corporation, Nayara Energy, ainsi que certaines cargaisons en provenance de contrats antérieurs livrés à Reliance Industries.
En octobre, les importations de pétrole russe s’élevaient à 1,65 million de barils par jour, soit une hausse de 2 % par rapport à septembre. Des raffineurs ont tenté de maximiser les stocks avant l’échéance américaine, tandis que d’autres ont anticipé la règle de l’Union européenne exigeant des carburants produits à partir de brut non russe dès 2026.
Réajustement stratégique des acteurs majeurs du secteur indien
Plusieurs raffineurs indiens ont déjà suspendu leurs achats de brut russe, notamment Mangalore Refinery and Petrochemicals Ltd, Hindustan Petroleum Corp et HPCL-Mittal Energy Ltd. Les entités publiques comme Indian Oil Corporation et Bharat Petroleum Corporation maintiennent leurs achats auprès d’entreprises non sanctionnées uniquement.
Nayara Energy, dont Rosneft détient une participation, poursuit toutefois le traitement exclusif de brut russe, après le retrait d’autres fournisseurs. Reliance Industries, qui exploite le plus grand complexe de raffinage au monde, a confirmé la réception de cargaisons engagées avant le 22 octobre. Toute livraison postérieure au 20 novembre sera traitée dans la raffinerie destinée au marché intérieur.
Impact sur la diversification des sources d’approvisionnement
Les importations de pétrole des États-Unis ont connu une hausse marquée en octobre, atteignant leur plus haut niveau depuis juin 2024. Les raffineurs indiens ont profité d’une fenêtre d’arbitrage temporaire pour ajuster leur mix d’approvisionnement. Parallèlement, Washington accentue la pression sur New Delhi pour qu’elle augmente ses achats d’énergie américaine, après avoir doublé les droits de douane sur certains produits indiens à 50 %.
Cette dynamique impose aux acteurs du secteur énergétique indien une réorganisation rapide de leurs chaînes d’approvisionnement et une vigilance accrue face aux évolutions géopolitiques affectant les flux de brut.