Le développeur de solutions solaires commerciales et industrielles SolarX a finalisé un financement senior sécurisé de €15mn ($16.3mn) auprès du fonds Afrigreen Debt Impact Fund. Cette opération vise à refinancer des actifs existants et à étendre ses activités dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, incluant la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali et le Burkina Faso.
Un financement structuré pour soutenir la croissance
Le prêt comprend des tranches à court et long terme, permettant à SolarX de remplacer des dettes plus coûteuses tout en structurant sa croissance à travers de nouveaux projets C&I (commercial et industriel) et de stockage. En ciblant des installations solaires de 100 kW à 15 MW, Afrigreen s’aligne avec les exigences du segment intermédiaire, souvent sous-financé en Afrique subsaharienne.
RGREEN INVEST, gestionnaire du fonds, pilote cette transaction via la joint-venture Echosys Invest. L’ensemble du portefeuille Afrigreen vise entre 20 et 30 investissements, chacun compris entre €10mn et €15mn, sur des durées de huit à dix ans. Ce ticket représente environ 15 % de la capacité totale du fonds, ce qui en fait une position stratégique.
Un ancrage géographique à risques politiques
Les projets de SolarX se déploient au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), où le franc CFA arrimé à l’euro atténue le risque de change pour les prêts libellés en euros. Toutefois, la présence au Mali et au Burkina Faso expose l’entreprise à des risques accrus de stabilité politique et de sécurité opérationnelle.
Les entités publiques comme CI-Energies, SENELEC, EDM-SA et SONABEL jouent un rôle clé dans la réglementation et l’interconnexion des installations. Les cadres juridiques restent en évolution, notamment sur l’autoproduction, le wheeling (acheminement d’électricité sur le réseau) et la vente d’excédents, ce qui implique une vigilance constante quant à la bancabilité des contrats.
Des implications économiques et opérationnelles pour SolarX
Le financement permettra à SolarX de structurer ses cash-flows à long terme tout en offrant plus de visibilité à ses clients industriels. Ceux-ci, confrontés à des coupures fréquentes d’électricité, cherchent des alternatives au diesel, dont les coûts dépassent souvent $0.30/kWh, contre des tarifs solaires contractuels autour de $0.12/kWh dans la région.
La configuration du prêt pourrait inclure des sûretés sur les sociétés de projets (SPV), les actifs physiques, les contrats PPA (Power Purchase Agreements) et les baux, garantissant à Afrigreen un niveau de sécurité élevé sur les flux. Cette approche renforce également la gouvernance financière de SolarX, encadrée par des engagements contractuels stricts.
Un outil géopolitique au service des capitaux européens
Avec la participation de Proparco, FMO, E3 Capital et Triple Jump au capital de SolarX, cette opération reflète un effort concerté des bailleurs européens pour sécuriser des positions clés dans le segment C&I de l’Afrique francophone. Ce positionnement s’inscrit face à des concurrents venus de Russie, de Chine et du Golfe, actifs sur des projets solaires de plus grande échelle.
L’exposition croissante des investisseurs à des marchés politiquement volatils pourrait toutefois limiter leur appétit futur si les tensions régionales persistent. Néanmoins, aucun élément public ne suggère à ce jour une non-conformité des parties prenantes avec les régimes de sanctions ou de gouvernance ESG, renforçant leur profil institutionnel.
Une plateforme régionale appelée à s’étendre
La transaction permet à SolarX de gagner en légitimité auprès d’investisseurs institutionnels et de préparer d’éventuelles levées de fonds additionnelles. En structurant sa dette sur un modèle proche de la project finance, l’entreprise peut améliorer son ratio d’endettement, réduire le coût moyen du capital et activer un pipeline de projets en développement.
Sur un plan sectoriel, ce type de financement pourrait accélérer la professionnalisation du segment solaire C&I. Il constitue un signal fort aux entreprises locales et aux autorités publiques sur la viabilité d’un modèle distribué, orienté vers des solutions hybrides, combinant solaire, stockage et diesel, dans un cadre contractuel robuste.