Les États-Unis et l’Arabie saoudite ont signé un accord préliminaire de coopération nucléaire civile lors de la visite à Washington du prince héritier Mohammed ben Salmane, première rencontre officielle à la Maison Blanche depuis plus de sept ans. L’accord a été paraphé par le secrétaire américain à l’Énergie, Chris Wright, le secrétaire à l’Intérieur, Doug Burgum, et le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane.
Un accord civil au périmètre limité
Selon Chris Wright, l’accord ne comporte aucune disposition sur l’enrichissement de l’uranium, une activité souvent considérée comme une étape vers le développement d’armes nucléaires. Il a précisé que le texte portait uniquement sur des garanties bilatérales et un engagement mutuel à la non-prolifération. Des discussions sur une coopération nucléaire sont en cours entre les deux pays depuis plusieurs années, sans aboutir jusque-là en raison des réticences saoudiennes à exclure explicitement l’enrichissement ou le retraitement du combustible usé.
Appels à la vigilance du Congrès
Des élus américains ont immédiatement réagi, exigeant que tout futur accord soit conforme au « gold standard », un cadre juridique établi par les États-Unis interdisant l’enrichissement et imposant des inspections renforcées. La sénatrice démocrate Jeanne Shaheen a souligné que tout engagement nucléaire avec Riyad devait obligatoirement inclure le Protocole additionnel de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), augmentant ainsi la capacité de vérification sur les usages pacifiques du programme.
Des précédents régionaux et des inquiétudes persistantes
Les Émirats arabes unis avaient accepté en 2009 ces exigences strictes dans le cadre de leur propre accord nucléaire civil avec Washington. Les propos du prince héritier saoudien en 2018, indiquant que le royaume pourrait chercher à acquérir la bombe nucléaire si l’Iran en développait une, restent dans les mémoires des parlementaires américains.
Des pressions internes pour des garanties renforcées
Le sénateur Ed Markey a exhorté l’administration américaine à ne pas céder sur les mécanismes de contrôle, avertissant qu’un accord sans interdictions claires sur l’enrichissement risquait de compromettre les efforts de non-prolifération dans la région. Des experts du secteur ont également souligné qu’un assouplissement des standards appliqués à l’Arabie saoudite rendrait plus difficile toute tentative de pression sur l’Iran pour qu’il renonce à ses propres ambitions nucléaires.
Andrea Stricker, spécialiste de la non-prolifération, a déclaré qu’un accord limité à l’énergie civile et à la coopération en matière de réacteurs serait cohérent avec les engagements américains.