Le site de Zhaoyuan, dans la province du Shandong, a entamé la construction de sa première unité Hualong One, marquant l’entrée concrète du projet dans le parc nucléaire chinois. Le programme prévoit six réacteurs de troisième génération, pour une capacité installée totale de 7,2 GWe. Cette initiative s’intègre à la feuille de route nucléaire nationale qui vise 200 GWe à l’horizon 2035, contre environ 61 GWe actuellement. La particularité du projet réside dans sa position en retrait du littoral, ce qui nécessite un encadrement réglementaire renforcé, notamment en matière de gestion des ressources en eau.
Cadre réglementaire centralisé et acteurs publics
Le projet est placé sous la supervision du Conseil d’État chinois, avec une évaluation environnementale assurée par le Ministère de l’Écologie et de l’Environnement (MEE – Ministry of Ecology and Environment), et une validation technique de l’Administration nationale de sûreté nucléaire (NNSA – National Nuclear Safety Administration). Ce dispositif réglementaire confère à Zhaoyuan un statut pleinement intégré dans les normes centrales. L’exécution revient à la Shandong Zhaoyuan Nuclear Power Company, filiale de China General Nuclear Power Corporation (CGN), tandis que CGN Power Co. Ltd en assure la consolidation financière.
Réponse aux restrictions américaines sur les transferts de technologie
La mise en œuvre du projet Zhaoyuan intervient alors que CGN figure sur la liste CMIC (Chinese Military-Industrial Companies) et sur l’Entity List du Bureau of Industry and Security des États-Unis. Ces désignations entraînent une interdiction de certains investissements étrangers et un contrôle strict sur les exportations de technologies sensibles. En réponse, les autorités chinoises ont renforcé la réglementation sur l’autonomie technologique, en accélérant la substitution des composants étrangers par des équipements certifiés nationaux. Zhaoyuan est ainsi conçu comme un démonstrateur conforme aux exigences réglementaires internes, limitant l’exposition aux normes étrangères.
Déploiement d’une technologie refroidie par air conforme aux normes environnementales
Le recours à une tour aéroréfrigérante naturelle de 203 mètres permet à Zhaoyuan de s’affranchir du refroidissement marin, majoritairement utilisé dans les autres centrales chinoises. Cette configuration impose des normes spécifiques de contrôle des émissions atmosphériques et de consommation en eau, en cohérence avec la réglementation environnementale actuelle. Ce système, soumis à des obligations de suivi post-mise en service, représente un cas test pour le développement futur de sites nucléaires éloignés des côtes dans des zones sous contrainte hydrique.
Impact réglementaire sur les chaînes d’approvisionnement et le cycle du combustible
Avec six unités prévues, le projet accroît la demande en uranium et en services d’enrichissement, ce qui oblige les régulateurs chinois à adapter les mécanismes d’allocation des ressources stratégiques. Le cadre réglementaire encadrant les contrats long terme d’approvisionnement en combustible est ainsi renforcé, avec un accent sur les fournisseurs non occidentaux. Parallèlement, les normes de sécurité imposent des exigences accrues aux fournisseurs domestiques, qui doivent certifier leurs équipements selon les standards nationaux de sûreté nucléaire.
Régulation financière et intégration réseau
Le modèle économique de Zhaoyuan repose sur des tarifs régulés établis par le gouvernement central, avec State Grid Corporation of China (SGCC) comme acheteur principal. La régulation du tarif d’achat est alignée sur les objectifs de stabilité du prix de gros et d’intégration harmonieuse dans un mix énergétique dominé par les renouvelables intermittents. La réglementation en matière de raccordement au réseau impose à SGCC d’anticiper les volumes injectés et d’adapter l’infrastructure UHV en conséquence, ce qui nécessite des ajustements réglementaires sur les délais de livraison et les capacités de stockage associées.
Conséquences réglementaires pour les acteurs étrangers
Les contraintes liées aux sanctions américaines rendent tout engagement étranger dans le projet juridiquement sensible. Les entreprises européennes restent pour l’instant hors du champ des restrictions, mais la pression croissante en faveur d’un alignement réglementaire transatlantique peut réduire leur marge de manœuvre. Zhaoyuan agit ainsi comme un test réglementaire grandeur nature pour évaluer la capacité de la Chine à isoler ses projets sensibles des normes extraterritoriales tout en respectant ses propres cadres de conformité technique.
Positionnement de CGN dans le paysage nucléaire réglementé
Zhaoyuan devient le dixième site nucléaire de CGN, avec un encadrement réglementaire qui renforce sa légitimité sur le marché intérieur. Le projet participe à la stratégie nationale de standardisation industrielle, en consolidant les processus de certification du design Hualong One. Cette homogénéisation permet de rationaliser les audits réglementaires, de simplifier les procédures d’homologation et de faciliter l’exportation du modèle à l’international, dans des pays aux régulations compatibles ou alignées sur le système chinois.