Aramco examinerait la possibilité de renforcer sa présence dans le gaz naturel liquéfié (GNL) américain en finalisant des engagements d’achat et d’éventuelles participations auprès de Commonwealth LNG et de Louisiana LNG, d’après Reuters. Les volumes cumulés atteindraient environ dix millions de tonnes par an (mtpa) si toutes les négociations aboutissaient, représentant la moitié de l’objectif affiché de vingt mtpa par son président-directeur général Amin Nasser.
Des projets modulaires envisagés en Louisiane
Selon Reuters, Aramco serait en discussions avancées pour sécuriser jusqu’à deux mtpa auprès de Commonwealth LNG, qui développe un terminal de 9,5 mtpa à Cameron. Le site reposerait sur six trains modulaires et bénéficierait déjà des autorisations de la Federal Energy Regulatory Commission (FERC) et du Department of Energy (DOE), obtenues après la fin de la pause fédérale sur les exportations de GNL. Les volumes envisagés par Aramco viendraient s’ajouter à ceux de Kimmeridge Texas Gas et de Glencore, rapprochant le projet du seuil nécessaire à une décision finale d’investissement.
L’entreprise étudierait aussi un engagement similaire auprès de Louisiana LNG, piloté par Woodside Energy. Toujours selon Reuters, l’accord inclurait une option d’entrée au capital et un contrat d’achat de deux mtpa. Le terminal, qui a reçu une décision finale d’investissement au printemps, ambitionne une capacité initiale de 16,5 mtpa soutenue par un contrat d’ingénierie, approvisionnement et construction confié à Bechtel.
Un ancrage stratégique aux États-Unis à confirmer
Ces négociations s’inscriraient dans un contexte où l’Arabie saoudite chercherait à consolider ses liens énergétiques avec les États-Unis. Reuters précise que les annonces pourraient être synchronisées avec une visite du prince héritier à Washington, donnant un poids politique supplémentaire à ces discussions. Les projets américains représenteraient pour Aramco un accès à un marché où la liquéfaction repose sur des coûts compétitifs et une réglementation stabilisée après le réajustement de la politique exportatrice américaine.
La possible montée en puissance d’Aramco dans le GNL américain coïnciderait avec la réduction progressive des importations européennes en provenance de Russie, ce qui ouvrirait des débouchés pour les producteurs disposant d’actifs non exposés aux sanctions occidentales. Les volumes américains envisagés offriraient aussi un outil de portefeuille complémentaire au développement gazier de Jafurah en Arabie saoudite.
Un positionnement pensé pour un cycle de surcapacité
Les capacités mondiales devraient dépasser la croissance de la demande d’ici la fin de la décennie, selon plusieurs analyses mentionnées par Reuters. La zone nord-américaine concentrerait une grande partie de cette nouvelle offre, tandis que la liquéfaction américaine deviendrait un pivot des échanges mondiaux. Dans ce contexte, Aramco chercherait à se placer sur les actifs ayant les coûts les plus bas, afin de disposer de volumes résilients en cas de compression des marges après 2028.
Pour Commonwealth LNG, l’arrivée d’Aramco en tant que potentiel acheteur contribuerait au renforcement du profil de crédit du projet. Pour Woodside, une participation de l’entreprise saoudienne diversifierait la base commerciale du terminal et renforcerait la viabilité de la plateforme dans un marché où les acteurs capables d’absorber une forte volatilité deviennent déterminants.