La pandémie mondiale liée à la COVID-19 a entraîné une diminution sans précédent des déplacements urbains à travers le globe, entraînant de profondes modifications dans les secteurs du transport et de l’énergie. Selon une étude réalisée par INRIX, spécialiste des données sur la mobilité, la fréquentation mondiale des transports publics a diminué de près de 80 %, tandis que le trafic routier aux États-Unis enregistrait un recul d’environ 50 % par rapport à l’année précédente.
Augmentation notable des transports individuels alternatifs
Face à ces restrictions imposées par la pandémie, certaines villes ont enregistré une hausse marquée de l’utilisation des deux-roues, notamment à travers des services de location en libre-service. Les statistiques municipales indiquent ainsi une augmentation supérieure à 50 % du nombre de cyclistes empruntant quotidiennement les ponts reliant Manhattan et Brooklyn, comparé aux chiffres de mars 2019. Chicago et Philadelphie rapportent également des hausses similaires, soulignant un mouvement généralisé dans les grandes métropoles américaines. Ces évolutions ponctuelles ont remis en question la part occupée traditionnellement par les transports collectifs urbains.
Réallocation de l’espace public dans plusieurs grandes villes
Durant la crise sanitaire, plus de 250 villes à travers le monde ont temporairement réorganisé leurs infrastructures afin de limiter l’espace réservé aux voitures au profit des piétons et cyclistes. Cette réallocation de l’espace urbain, qui inclut l’élargissement temporaire des trottoirs et la création accélérée de voies cyclables, a modifié notablement l’organisation du trafic. Paris et Rome, par exemple, ont annoncé des aménagements permanents à la suite de ces expérimentations, provoquant une réflexion internationale sur la gestion future de l’espace public en milieu urbain.
Relance économique et défis énergétiques
Dans le contexte d’une relance économique post-pandémie, plusieurs ministres européens responsables des politiques climatiques ont proposé d’utiliser le cadre du « Green Deal » européen pour orienter les investissements vers une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre. Ce projet fixe notamment l’objectif d’une réduction de 90 % des émissions du secteur des transports d’ici 2050, via des mécanismes tels que la tarification carbone et des réglementations accrues sur les véhicules. Cette stratégie suscite des interrogations chez les professionnels du secteur concernant sa faisabilité et son impact réel sur le marché énergétique à moyen terme.
Les cinq enjeux majeurs du secteur selon les spécialistes
Aux États-Unis, plusieurs experts, dont Kathy Zhang de l’Earth Institute à Columbia, identifient cinq axes majeurs à suivre attentivement dans les mois suivant la crise sanitaire. Premièrement, la pérennisation du télétravail et de l’enseignement à distance pourrait redéfinir durablement les besoins en mobilité urbaine. Deuxièmement, les politiques urbaines de réduction de l’espace automobile posent la question de leur impact sur l’utilisation à long terme des véhicules privés. Troisièmement, les capacités de financement pour les infrastructures de transports en commun et les voies cyclables restent à préciser, avec un impact direct sur les choix d’investissement des municipalités et des gouvernements. Quatrièmement, la reprise opérationnelle des transports collectifs dépend fortement des aides financières disponibles et de leur suffisant calibrage. Enfin, l’intégration éventuelle d’investissements dans les infrastructures énergétiques vertes reste une inconnue clé dans les plans de relance actuellement discutés par les décideurs politiques.
Les évolutions récentes du secteur des transports offrent ainsi des pistes de réflexion aux acteurs économiques et énergétiques, qui suivent de près ces nouvelles dynamiques internationales susceptibles d’influencer durablement leurs décisions stratégiques et opérationnelles.