Le directeur général de Gunvor Group Ltd, Torbjörn Törnqvist, a déclaré que le groupe suisse ne revendrait pas les actifs achetés à la société pétrolière russe Lukoil PJSC, même en cas de levée des sanctions américaines. Cette annonce intervient alors que Gunvor est en discussions avancées avec les régulateurs concernant l’acquisition de plusieurs actifs étrangers de Lukoil, frappée récemment par des mesures restrictives.
Gunvor a confirmé qu’un accord avait été trouvé avec Lukoil pour la reprise de ses activités hors de Russie. Lukoil, deuxième plus grand producteur pétrolier russe, cherche à se séparer de ses participations internationales en réponse aux sanctions imposées par les États-Unis. Ces dernières visent à limiter l’influence des entreprises russes dans les marchés mondiaux de l’énergie.
Un désengagement total de l’influence russe
Törnqvist a qualifié l’accord de « rupture nette » avec la Russie et a précisé qu’aucun des actifs achetés ne retournerait sous contrôle russe, quelle que soit l’évolution du régime de sanctions. Toutefois, il a précisé que Gunvor pourrait revendre une partie de ces actifs à d’autres acteurs du marché, dans un cadre conforme aux réglementations occidentales.
Gunvor, historiquement lié à l’énergie russe, cherche à démontrer sa capacité à opérer de manière indépendante. Le groupe a commencé à consulter les autorités réglementaires dans les juridictions concernées pour garantir que la transaction respecte les exigences de conformité, notamment en matière de sanctions.
Pression accrue sur les sociétés intermédiaires
Les États-Unis ont imposé en octobre des sanctions renforcées contre Rosneft PJSC et Lukoil PJSC, marquant un tournant dans la politique américaine depuis le début du conflit en Ukraine en 2022. Ces mesures ont contraint Lukoil à se retirer de ses participations stratégiques à l’étranger, notamment en Europe.
L’un des actifs les plus notables concernés est la raffinerie ISAB en Sicile, qui représente une infrastructure essentielle pour l’approvisionnement pétrolier de l’Italie. Cette installation pourrait figurer parmi les actifs cédés dans l’accord avec Gunvor, bien que les détails n’aient pas été confirmés.
Une stratégie d’alignement réglementaire
La finalisation de l’opération dépendra du feu vert des autorités de surveillance des marchés et des gouvernements européens, préoccupés par la continuité de l’influence russe dans le secteur stratégique de l’énergie. Gunvor insiste sur sa volonté de transparence et de coopération avec les autorités compétentes pour dissiper tout doute sur la provenance et la gestion future des actifs repris.
« Le message est clair : il ne s’agit pas de préparer un retour éventuel à la Russie », a affirmé Törnqvist, indiquant que Gunvor poursuivra une stratégie d’alignement strict avec les standards réglementaires occidentaux.