Les services publics américains ont désormais engagé plus de 160 gigawatts (GW) de nouvelle demande en charge lourde, représentant 22 % de la charge de pointe enregistrée en 2024 aux États-Unis. Cette augmentation rapide repose principalement sur l’essor des centres de données et des activités intensives en électricité, comme les mines de cryptomonnaie, selon une analyse de Wood Mackenzie fondée sur les dernières données du processus de demande d’ajustement de charge (Load Adjustment Request, LAR) du gestionnaire de réseau PJM Interconnection.
Un déséquilibre croissant entre la demande et la capacité
L’étude indique que les prévisions des services publics affiliés à PJM tablent sur une croissance de 55 GW d’ici 2030, atteignant 100 GW d’ici 2037. En revanche, les projets de construction de nouvelles capacités de production ne suivent pas le même rythme, créant un écart préoccupant. L’analyse montre que les services publics ont engagé deux fois plus de charge lourde que ce que la capacité de production planifiée permettra de soutenir à terme.
Selon Ben Hertz-Shargel, directeur mondial du Grid Edge chez Wood Mackenzie, cette situation pourrait conduire à des pénuries d’électricité et à une hausse des coûts pour les consommateurs du Mid-Atlantic. Le rapport souligne également des failles dans les méthodologies de prévision, avec des hypothèses variables concernant la capacité contractuelle et les rythmes d’intégration de la charge lourde.
Une pression localisée sur certaines zones du réseau
La Virginie s’affirme comme un pôle majeur de croissance, même si l’opérateur historique Dominion n’est pas parmi les quatre compagnies projetant une croissance supérieure à 11 GW d’ici 2040. Trois des six premières compagnies en termes de nouvelles charges sont néanmoins actives dans cet État, et prévoient ensemble 30 GW de nouvelle demande. À l’échelle régionale, près des deux tiers de la demande anticipée se concentrent dans les zones opérées par Dominion, American Electric Power (AEP) et PPL Corporation.
Une dynamique appelée à s’inverser après 2030
Les prévisions établissent un point d’inflexion critique à l’horizon 2030. D’ici là, les services publics estiment que les ajouts annuels de capacité de charge lourde suivront un taux de croissance annuel composé de 23 %. Après cette date, ce taux deviendrait négatif, atteignant -22 %, ce qui suggère que le pic de croissance pourrait intervenir au cours de la prochaine décennie.
Face à cette accélération, l’étude de Wood Mackenzie recommande d’agir rapidement pour éviter un déficit de production qui fragiliserait la fiabilité et l’accessibilité du réseau électrique. L’absence de normalisation des méthodes de prévision est pointée comme un facteur aggravant l’incertitude sur la localisation et le calendrier de ces nouvelles charges.