L’homme d’affaires Aliko Dangote, considéré comme la première fortune d’Afrique, a annoncé un plan d’expansion massif de sa raffinerie privée située près de Lagos, au Nigeria. L’installation, déjà opérationnelle avec une capacité de 650 000 barils par jour, devrait atteindre 1,4 million de barils par jour dans un délai de trois ans. Cette montée en puissance ferait de cette infrastructure la plus grande raffinerie au monde en capacité de traitement.
Un projet porté par une vision personnelle
Portée par Dangote Industries Limited, cette initiative s’inscrit dans une stratégie de repositionnement du Nigeria en tant qu’acteur majeur du raffinage mondial. Avant l’ouverture de cette raffinerie, le pays importait la quasi-totalité de ses produits pétroliers finis, bien qu’il soit le plus grand producteur de brut d’Afrique. La production actuelle de pétrole brut du Nigeria avoisine 1,5 million de barils par jour, selon l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), contre un objectif national de 2 millions.
Aliko Dangote a déclaré que cette expansion répondait à une demande croissante, notamment en Afrique de l’Ouest et de l’Est. La raffinerie exporte déjà du kérosène vers les États-Unis, l’Europe et le Brésil. L’entreprise prévoit également une cotation sur la Bourse nigériane dès l’an prochain, avec l’objectif déclaré de renforcer la transparence du marché.
Défis syndicaux et arbitrage gouvernemental
L’ascension de la raffinerie Dangote n’a pas été exempte de tensions. En septembre, le recours à une flotte privée de camions fonctionnant au gaz naturel pour assurer la distribution de carburant à travers le Nigeria a déclenché une grève des transporteurs. Le syndicat de chauffeurs a dénoncé une clause contractuelle interdisant l’adhésion syndicale.
Dans le même temps, la Petroleum and Natural Gas Senior Staff Association of Nigeria (Pengassan) a accusé l’entreprise d’avoir licencié 800 employés nigérians syndiqués pour les remplacer par 2 000 travailleurs venus d’Inde. Ces allégations ont été qualifiées de « mensonges » par la raffinerie, qui a indiqué avoir procédé à un nombre limité de licenciements pour actes de sabotage, sans fournir de chiffres précis.
Stabilisation et avenir du secteur privé
Une médiation menée par le ministère nigérian du Travail a permis de mettre fin au mouvement social début octobre. L’accord prévoit le transfert des salariés licenciés vers d’autres entités du groupe Dangote, sans modification de salaire. Aliko Dangote a salué l’intervention du gouvernement fédéral pour son rôle dans la résolution du conflit.
La raffinerie Dangote est l’un des plus grands projets industriels à capitaux privés sur le continent africain. En parallèle, une seconde raffinerie privée est en construction par Abdul Samad Rabiu, fondateur du groupe BUA. Ces initiatives privées interviennent dans un contexte marqué par l’inefficacité des installations publiques et une volonté affichée de capter davantage de valeur ajoutée sur le brut produit localement.