Le Gabon engage une transformation structurelle de son modèle économique afin de réduire sa dépendance au pétrole, qui continue de représenter entre 23 % et 24,2 % du produit intérieur brut selon les dernières données officielles. Face au déclin programmé de ses gisements, avec une baisse attendue de 3 % de la production d’ici 2026, les autorités multiplient les mesures réglementaires et budgétaires pour accélérer la diversification.
Infrastructures et cadre réglementaire en évolution
Le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP) est au cœur de cette stratégie. Il a connu une croissance de 48 % en 2024 et pourrait atteindre 78 % en 2026, grâce à une série de réformes facilitant l’accès aux marchés publics et la planification des grands projets. Le gouvernement a engagé une modernisation des procédures d’appel d’offres et une révision du code des marchés pour fluidifier l’exécution des chantiers.
Parmi les programmes prioritaires figurent la Cité Émeraude et la rénovation du réseau ferroviaire. Ces projets visent à améliorer la logistique du transport des matières premières, telles que le bois et le manganèse, tout en contribuant à la structuration du territoire. L’objectif affiché est de soutenir l’attractivité économique des zones productives par des investissements encadrés juridiquement.
Industrie gazière et fiscalité énergétique
Un des leviers majeurs de cette transformation est la construction d’une usine de gaz naturel liquéfié (GNL) à Port-Gentil, prévue pour 2026. Cet investissement de 560 milliards FCFA ($896mn), porté par Perenco et la Gabon Oil Company (GOC), s’inscrit dans le cadre d’une réforme plus large du régime fiscal et contractuel du secteur gazier, incluant une révision des conventions de partage de production.
Le ministère du Pétrole a annoncé une série de textes encadrant la régulation, l’octroi des licences et la répartition des revenus issus de l’exploitation gazière. Cette approche vise à garantir un meilleur retour sur investissement pour l’État tout en renforçant la sécurité juridique des acteurs privés engagés sur le territoire.
Agro-industrie, stabilité macroéconomique et gouvernance
Les réformes ne se limitent pas à l’énergie. Dans les secteurs agricole et halieutique, le gouvernement prévoit une croissance de 5,9 % en 2026, soutenue par les mesures mises en œuvre par le Fonds stratégique agricole (FSA) et les allègements fiscaux octroyés aux coopératives rurales. La relance de la production d’huile de palme figure parmi les priorités de cette relance encadrée.
Sur le plan macroéconomique, le Gabon a maintenu une inflation de 1,2 % en 2024 et une dette publique équivalente à 56,3 % du PIB, en ligne avec les critères de convergence de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Toutefois, les retards de paiement et la rigidité de la masse salariale restent des freins à l’ajustement budgétaire.
La Direction générale de l’économie et de la politique fiscale estime que la croissance hors pétrole pourrait générer une dynamique plus inclusive. Cette ambition repose toutefois sur la capacité du pays à consolider ses institutions, améliorer la transparence réglementaire et garantir la soutenabilité des réformes engagées dans les secteurs clés.