Le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, a confirmé s’être entretenu à Washington avec le ministre japonais des Finances, Katsunobu Kato, à qui il a transmis l’attente formelle du gouvernement américain que le Japon cesse ses achats d’énergie auprès de la Russie. Cette déclaration intervient dans un contexte où les États-Unis accentuent leurs efforts pour convaincre leurs partenaires de limiter leurs engagements commerciaux jugés incompatibles avec les sanctions en vigueur contre Moscou.
Le Japon, fortement dépendant des importations pour assurer sa sécurité énergétique, a dépensé en 2023 près de 582 milliards de yens (AED19.95bn / $5.43bn) pour l’achat de gaz naturel liquéfié (GNL) russe, selon les dernières données douanières disponibles. Ce montant représente une hausse de 56% par rapport à 2021. La Russie comptait ainsi pour 8,9% des volumes totaux de GNL importés par le pays, se plaçant derrière l’Australie (42,6%) et la Malaisie (15%).
Des intérêts divergents entre sécurité énergétique et solidarité géopolitique
Face à cette demande, Katsunobu Kato s’est abstenu de tout commentaire direct, indiquant uniquement que le Japon resterait engagé auprès des autres membres du G7 pour promouvoir une solution pacifique au conflit en Ukraine. Aucune annonce n’a été faite concernant une éventuelle révision immédiate des importations russes. Le poids stratégique des contrats énergétiques en cours pèse sur la capacité de Tokyo à s’aligner totalement avec les attentes américaines.
Le président américain Donald Trump a affirmé, quelques heures plus tôt, avoir obtenu l’engagement verbal du Premier ministre indien, Narendra Modi, que l’Inde mettrait fin à ses achats de pétrole russe. Cette déclaration, non confirmée par New Delhi, s’inscrit dans une stratégie plus large de l’exécutif américain visant à isoler Moscou sur les marchés énergétiques mondiaux. Dans ce contexte, la Chine a été citée par M. Trump comme la prochaine cible diplomatique à convaincre.
Des contreparties économiques en arrière-plan
Au-delà de la question énergétique, les discussions entre Scott Bessent et Katsunobu Kato ont aussi porté sur l’accord de commerce et d’investissement américano-japonais signé en juillet. Ce texte prévoit un engagement japonais à hauteur de $550bn d’investissements sur le sol américain, en échange d’un allègement partiel des surtaxes douanières imposées à l’archipel. Les contours précis de ces engagements font actuellement l’objet de discussions techniques entre les deux administrations.
Selon Tokyo, les montants avancés ne se traduiraient pas par des investissements directs, mais par des mécanismes de prêts et de garanties portés par des institutions publiques japonaises. Cette orientation pourrait permettre au Japon de satisfaire aux exigences américaines sans exposer directement ses entreprises à des risques commerciaux ou géopolitiques supplémentaires, tout en conservant une marge de manœuvre sur ses approvisionnements critiques.