L’Inde a dévoilé un programme d’investissement public de grande envergure visant à renforcer la capacité de transmission électrique depuis le bassin du Brahmapoutre. La Central Electricity Authority (CEA), agence en charge de la planification énergétique, a publié un rapport détaillant un plan de INR6.4tn ($77bn) destiné à soutenir l’évacuation de plus de 76 GW de capacité hydroélectrique d’ici 2047.
Le projet couvre 208 barrages répartis dans douze sous-bassins des États du Nord-Est. Selon la CEA, cette capacité comprend 64.9 GW issus de centrales hydroélectriques classiques et 11 GW provenant de stations de transfert d’énergie par pompage. L’État frontalier de l’Arunachal Pradesh concentre à lui seul près des deux tiers du potentiel exploitable du bassin.
Un projet aux implications stratégiques majeures
Le bassin du Brahmapoutre traverse des zones sensibles le long de la frontière sino-indienne, notamment l’Arunachal Pradesh, où la Chine conteste la souveraineté de l’Inde. La construction en amont d’un barrage chinois sur le Yarlung Zangbo, nom tibétain du Brahmapoutre, alimente les inquiétudes à New Delhi concernant une possible réduction des débits fluviaux en saison sèche.
Le plan présenté par la CEA intervient dans ce contexte stratégique. Le gouvernement indien entend accélérer le développement de ses propres infrastructures afin de sécuriser ses ressources en eau et en électricité. Le bassin concerne également les États de l’Assam, du Sikkim, du Meghalaya et du Manipur.
Deux phases d’investissement jusqu’en 2047
Le programme de transmission s’articule autour de deux phases. La première, prévue jusqu’en 2035, nécessite un financement de INR1.91tn ($23.3bn). La seconde phase, à mener entre 2035 et 2047, mobilisera INR4.52tn ($55.3bn). L’objectif est de connecter efficacement les sites de production isolés à l’est du pays avec les grands centres de consommation à l’ouest et au sud.
Certains projets sont déjà en cours d’exécution, notamment par NHPC Limited (National Hydroelectric Power Corporation), NEEPCO (North Eastern Electric Power Corporation) et SJVN Limited, opérateurs publics en charge de la production et de la gestion de centrales hydroélectriques.
Renforcement des infrastructures de transport électrique
Le plan prévoit la construction de corridors à haute tension, capables de transporter l’électricité générée sur des milliers de kilomètres. Ces infrastructures sont considérées comme critiques pour répondre à la demande croissante, tout en réduisant la dépendance à d’autres sources d’énergie.
La stratégie s’inscrit dans une volonté de maximiser l’exploitation des ressources domestiques face aux pressions géopolitiques. La CEA indique que les projets permettront de stabiliser le réseau électrique national tout en assurant un meilleur équilibre régional entre production et consommation.