La Russie souhaite renforcer sa position dans le secteur nucléaire mondial en proposant des solutions financières alternatives pour accompagner l’essor de cette industrie. Le président Vladimir Poutine a déclaré que les projets nucléaires nécessitaient des investissements majeurs et que les risques devaient être mieux répartis entre les États, les investisseurs et les consommateurs.
Une réponse à la demande croissante des pays émergents
Selon le chef de l’État, la hausse attendue de la demande en énergie nucléaire sera principalement portée par les pays du Sud global et de l’Est, qui développent leur potentiel industriel et technologique. La Russie, a-t-il affirmé, entend soutenir ces ambitions sans imposer de dépendance technique, mais en accompagnant la création d’industries nucléaires nationales autonomes.
Vladimir Poutine a souligné l’importance d’un accès équitable aux technologies nucléaires civiles pour garantir un développement mondial équilibré. Il a déclaré que la coopération internationale dans ce domaine devait reposer sur la formation des compétences locales, la création de centres d’excellence et le partage d’expertise, en opposition à ce qu’il a qualifié de « colonialisme technologique ».
Appel à la mobilisation des banques de développement
Sur le plan financier, le président russe a insisté sur la nécessité de créer des modèles modernes de financement des centrales nucléaires. Il a mentionné l’implication souhaitée des institutions financières internationales, dont la New Development Bank, créée par les pays membres du groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Égypte, Éthiopie, Iran, Indonésie, Arabie Saoudite et Émirats arabes unis), qui s’est déclarée prête à investir dans des projets nucléaires.
La question des ressources en uranium a également été abordée. Vladimir Poutine a annoncé le lancement à Tomsk du premier système énergétique nucléaire au monde avec un cycle de combustible fermé. Ce procédé permettrait de recycler 95 % du combustible usé, réduisant à la fois la dépendance aux ressources primaires et le volume des déchets radioactifs.
Multiplication des accords bilatéraux autour du nucléaire civil
En marge de l’événement, plusieurs accords ont été signés. Rosatom, l’agence fédérale russe de l’énergie atomique, a conclu un partenariat avec le Beijing Research Institute of Uranium Geology pour l’échange d’informations sur la gestion des déchets radioactifs.
Un plan d’action a également été signé avec l’Ethiopian Electric Power Corporation en vue de la construction d’une centrale nucléaire. Ce partenariat prévoit la constitution d’un groupe de travail chargé d’élaborer une feuille de route pour une étude de faisabilité.
Formation, coopération technique et mini-réacteurs en ligne de mire
Par ailleurs, la Rosatom Technical Academy et l’Université technologique de Yangon au Myanmar ont signé un mémorandum de coopération pour développer des programmes éducatifs conjoints et renforcer la recherche nucléaire appliquée.
D’autres accords concernent la coopération russo-biélorusse sur le cycle du combustible et une collaboration entre la Russie et l’Iran pour le développement de petits réacteurs modulaires. Le Kirghizstan a pour sa part entamé des discussions préliminaires avec Rosatom pour identifier un site potentiellement adapté à l’installation d’une centrale nucléaire.
Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, a également participé à la rencontre. Il a proposé de formaliser un accord entre l’AIEA et la New Development Bank pour financer des projets nucléaires civils, dans la lignée du partenariat existant avec la Banque mondiale.