L’Iran pourrait faire face au rétablissement automatique de sanctions internationales à partir de samedi minuit GMT, selon le mécanisme prévu par l’accord sur le nucléaire iranien signé en 2015. L’Allemagne, la France et le Royaume-Uni (E3) ont engagé cette procédure via le Conseil de sécurité des Nations unies, reprochant à Téhéran de ne pas coopérer pleinement avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Les mesures pourraient affecter le secteur pétrolier, ainsi que les flux bancaires et financiers du pays.
Le président français Emmanuel Macron a exhorté son homologue iranien Massoud Pezeshkian à répondre aux exigences formulées par les Européens, lors d’un entretien en marge de l’Assemblée générale des Nations unies. Il a précisé que « le plein accès des inspecteurs de l’AIEA », « la transparence sur les stocks d’uranium enrichi » et « la reprise immédiate des négociations » constituaient des conditions non négociables pour éviter la réactivation des sanctions.
Pression diplomatique et menaces économiques
Steve Witkoff, envoyé spécial du président américain Donald Trump, a déclaré que Washington restait en contact avec l’Iran, sans confirmer si les discussions étaient directes ou indirectes. Il a évoqué une « position difficile » pour Téhéran, tout en indiquant que les Occidentaux n’avaient « aucun désir de nuire » à la population iranienne. Il a ajouté que l’objectif était de trouver un « mécanisme de solution » ou d’appliquer les sanctions si aucun accord n’était atteint.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a rencontré plusieurs homologues européens sans parvenir à faire évoluer les discussions. Des entretiens supplémentaires devaient se tenir avec les représentants français. Lors de son discours à la tribune des Nations unies, le président iranien a déclaré que son pays ne cherchait pas à acquérir l’arme nucléaire et a accusé les pays occidentaux d’ignorer la « bonne foi » de l’Iran dans les négociations.
Retour au JCPOA et échéances juridiques
L’accord de 2015, nommé Plan d’action global commun (Joint Comprehensive Plan of Action – JCPOA), avait permis un allègement des sanctions internationales en échange de limitations sur le programme nucléaire iranien. Ce compromis, validé par la résolution 2231 du Conseil de sécurité, arrive à échéance à la mi-octobre. Les États-Unis s’étaient retirés unilatéralement de l’accord en 2018 sous l’administration Trump, rétablissant leurs propres sanctions.
Depuis cette décision, l’Iran a progressivement réduit ses engagements, notamment en matière d’enrichissement d’uranium. Le président Pezeshkian a dénoncé les frappes militaires israéliennes et américaines contre son pays en juin dernier, les qualifiant de « trahison diplomatique » alors que des pourparlers étaient en cours. Selon les autorités iraniennes, ces attaques auraient provoqué plus de 1 000 morts.
Incidences sur le secteur énergétique
Le possible retour des sanctions pourrait pénaliser directement les exportations de pétrole iranien, actuellement estimées à environ 1,4 mn de barils par jour. Ces mesures affecteraient également les relations commerciales de l’Iran avec des partenaires asiatiques, dont la Chine et l’Inde. Le secteur bancaire, déjà fortement restreint depuis 2018, verrait de nouvelles limitations entraver les opérations internationales des entreprises énergétiques iraniennes.
Les observateurs du marché pétrolier surveillent les négociations en cours, alors que l’offre mondiale pourrait être impactée si l’Iran se retrouve à nouveau isolé sur le plan économique. Le maintien ou la levée des sanctions dépendra des réponses de Téhéran dans les prochaines heures.