La société américaine Oklo a débuté la construction de son premier réacteur Aurora sur le site du Laboratoire national de l’Idaho, en présence de plusieurs responsables politiques et industriels. Le projet, baptisé Aurora-INL, s’appuie sur la technologie des réacteurs rapides refroidis au sodium et représente un jalon majeur dans le programme de démonstration de nouveaux réacteurs avancés lancé par le gouvernement fédéral.
Le réacteur Aurora-INL repose sur l’héritage du réacteur expérimental à neutrons rapides EBR-II, exploité entre 1964 et 1994. Il utilisera un combustible métallique, y compris du combustible enrichi de type HALEU (High-Assay Low-Enriched Uranium), et pourra également être alimenté par du combustible usé retraité. L’unité de production électrique utilisera des conduites thermiques pour transférer la chaleur vers un système de conversion à dioxyde de carbone supercritique.
Un projet soutenu par le ministère de l’Énergie
Le réacteur fait partie des trois projets sélectionnés par le ministère de l’Énergie des États-Unis dans le cadre du Reactor Pilot Program, mis en place pour accélérer la commercialisation de réacteurs avancés. Ce programme vise la démonstration de la criticité d’au moins trois réacteurs pilotes avant le 4 juillet 2026. Oklo travaille sur ce projet depuis 2019 en collaboration avec le Département de l’Énergie et le Laboratoire national de l’Idaho.
Le projet Aurora a également reçu l’autorisation d’utiliser du combustible récupéré de l’EBR-II et a franchi deux des quatre étapes nécessaires à la fabrication de son cœur de réacteur dans son usine Aurora Fuel Fabrication Facility (A3F), également située sur le site du laboratoire.
Un chantier soutenu par des partenaires industriels
Le groupe Kiewit Nuclear Solutions Co a été désigné comme maître d’œuvre principal chargé de la conception, de l’approvisionnement et de la construction. Selon la Commission de réglementation nucléaire des États-Unis (NRC), le réacteur Aurora atteindra une puissance maximale de 75 MWe. Une demande de licence avait été déposée dès mars 2020, mais le processus avait été suspendu en raison de données insuffisantes. Oklo a repris les activités de pré-licensing avec l’agence en 2022 et prévoit de soumettre une nouvelle demande combinée d’ici la fin de l’année.
Le début des travaux de caractérisation du site a été validé en novembre 2024. L’entreprise estime que la phase de construction générera environ 370 emplois temporaires, ainsi que 70 à 80 postes qualifiés pour l’exploitation à long terme du site.
Un écosystème politique mobilisé autour du projet
La cérémonie de lancement a réuni plusieurs figures politiques, dont les gouverneurs de l’Idaho et de l’Utah, des sénateurs, des représentants fédéraux ainsi que des responsables de la Commission de réglementation nucléaire et du Département de l’Énergie. Selon les déclarations officielles, le projet Aurora est présenté comme une solution industrielle pour répondre à la hausse anticipée de la demande électrique induite par le développement des technologies avancées telles que l’intelligence artificielle.
Le directeur du Laboratoire national de l’Idaho a déclaré que ce projet prolonge la tradition d’innovation nucléaire du site en facilitant le passage de la recherche à la phase de déploiement commercial.