Un pétrolier transportant du brut syrien a accosté au port italien de Trieste après une escale partielle sur l’île de Sardaigne, marquant la première livraison de pétrole brut exportée par la Syrie depuis quatorze ans. Selon les données de S&P Global Commodities at Sea, le navire Nissos Christiana, opéré par Kyklades Maritime Corp., a quitté le port syrien de Tartous le 1er septembre avec environ 640 000 barils de brut lourd soufré à bord.
Une première cargaison de 200 000 barils a été déchargée le 10 septembre au terminal pétrolier de Sarroch, situé sur la côte sud de la Sardaigne. Le reste, soit 440 000 barils, est actuellement amarré au terminal SIOT de Trieste, selon les données de suivi maritime. L’opérateur du navire n’a pas souhaité commenter ces informations.
Vitol et la raffinerie de Sarroch
La raffinerie de Sarroch, d’une capacité de 300 000 barils par jour, est exploitée par Saras, dont le propriétaire est la société de négoce Vitol. Il s’agit de la deuxième plus grande raffinerie d’Italie. Interrogée, Vitol n’a pas commenté cette livraison. En août, le terminal de Sarroch avait reçu en moyenne 136 000 barils par jour, principalement en provenance de Libye et de Turquie. La Russie fournissait également une part non négligeable jusqu’à la mise en œuvre, à la mi-juillet, de l’interdiction par l’Union européenne sur les importations maritimes de brut et de produits raffinés russes.
La réapparition de la Syrie sur les marchés pétroliers internationaux survient peu après un assouplissement des sanctions américaines visant le secteur énergétique syrien. La levée partielle, en juillet, ouvre la voie à des opérations commerciales avec des entités respectant les restrictions imposées par les États-Unis.
Capacités de production limitées
Avant le début de la guerre civile en 2011, la Syrie produisait entre 380 000 et 400 000 barils par jour, avec des exportations principalement destinées aux marchés méditerranéens. Aujourd’hui, la production effective serait tombée entre 80 000 et 100 000 barils par jour, en raison de la dégradation des infrastructures, notamment les oléoducs et les raffineries.
Le ministre de l’Énergie syrien, Mohammed al-Bashir, a déclaré que la capacité actuelle des champs pétrolifères s’élève à environ 200 000 barils par jour, mais que ces installations ne peuvent fonctionner à pleine capacité. Les coûts de remise en état des infrastructures demeurent un obstacle majeur pour la reprise du secteur.
Modalités de vente et prix du brut
Le brut expédié depuis Tartous a été proposé selon les conditions « FOB Tartous » (Free on Board) avec un prix basé sur la moyenne sur cinq jours des évaluations spot du Brent daté, telles qu’établies par Platts, une division de S&P Global Commodity Insights. À la date de départ du navire, le 1er septembre, cette moyenne se situait à $68,91 le baril, contre $67,60 le 15 septembre. Aucun chiffre officiel n’a été communiqué sur le revenu généré par cette vente.
Avant 2011, la Syrie publiait des prix de vente officiels pour ses qualités de brut Syrian Light et Syrian Heavy, mais ces évaluations ont été abandonnées en 2022. Depuis 2012, le pays est devenu importateur net de pétrole, dépendant de raffineries locales pour transformer le brut destiné à la consommation intérieure.