L’afflux de cargaisons de gaz naturel liquéfié (GNL) provenant du projet russe Arctic LNG 2 vers la Chine a exercé une pression baissière sur les prix du marché spot en Asie. Ce mouvement, amorcé fin août, intervient alors que le terminal de Beihai, situé dans la région autonome de Guangxi Zhuang, a accueilli au moins quatre navires sanctionnés.
Le repli des prix soutenu par les arrivées russes
L’évaluation du Japan Korea Marker (JKM), prix de référence pour les cargaisons de GNL livrées en Asie du Nord-Est, a chuté de 57 cents par million de British thermal units (MMBtu) entre le 28 août et le 11 septembre. Elle s’établissait à $11.571/MMBtu pour les livraisons d’octobre. Ce recul est attribué à une combinaison de faible demande chinoise et d’offre renforcée par les livraisons russes, ont indiqué des sources de marché.
Un acteur du marché chinois a précisé que « le pays est déjà bien approvisionné en gaz par gazoduc, réduisant ainsi l’intérêt pour les achats spot ». L’accélération des arrivées au terminal de Tieshan a coïncidé avec une période habituellement marquée par le démarrage des stratégies de sécurisation de l’approvisionnement, qui n’ont pas encore été enclenchées cette année.
Un trafic limité par l’hiver arctique
Cependant, ce rythme d’expéditions devrait ralentir à l’approche de l’hiver. La fermeture progressive de la Route maritime du Nord (NSR), rendue impraticable par la formation de glace à partir de mi-novembre, restreindra l’accès des méthaniers conventionnels.
D’après la Japan Organization for Metals and Energy Security (JOGMEC), seule la classe de navires Arc 7, capables de naviguer en milieu arctique, pourra effectuer jusqu’à deux rotations mensuelles entre Mourmansk et Kamtchatka durant la saison froide. En conséquence, les volumes mensuels en provenance d’Arctic LNG 2 vers l’Asie devraient être réduits à deux ou trois cargaisons par mois, contre un rythme supérieur actuellement.
Des obstacles logistiques et réglementaires croissants
Le projet Arctic LNG 2, opéré par la société russe Novatek (60 %), regroupe plusieurs partenaires internationaux, dont TotalEnergies (France), CNPC et CNOOC (Chine), ainsi que Japan Arctic LNG BV. Ce dernier est contrôlé à 75 % par la Japan Organization for Metals and Energy Security (JOGMEC) et à 25 % par Mitsui.
La livraison des cargaisons reste sous pression d’un environnement réglementaire complexe. Plusieurs navires, dont le Christophe de Margerie, La Perouse et North Sky, ont été sanctionnés en 2024 par les autorités britanniques et américaines. Les États-Unis ont récemment réitéré leurs avertissements concernant les risques de sanctions liés à toute participation au projet Arctic LNG 2.
Des acheteurs prudents face aux risques juridiques
En Inde, les acheteurs publics n’ont pas manifesté d’intérêt pour ces cargaisons. « Nous n’avons reçu aucune offre pour des volumes spot issus d’Arctic LNG 2 », a déclaré un représentant d’un importateur public. Une autre source indienne a indiqué qu’il était peu probable que des cargaisons issues de ce projet soient absorbées par le marché local.
Le terminal de Beihai, exploité par la société d’État China Oil and Gas Pipeline Network (PipeChina), dispose d’une capacité annuelle de 6 millions de tonnes et peut accueillir des navires de 80 000 à 266 000 mètres cubes. PipeChina est détenue par plusieurs entreprises publiques, dont PetroChina (29,9 %), Sinopec (14 %) et CNOOC (2,9 %).