L’Angola redéfinit sa stratégie énergétique en s’appuyant sur des investissements publics massifs dans le gaz naturel afin de pallier la baisse progressive de sa production pétrolière. L’usine de gaz naturel liquéfié (GNL) Angola LNG, située à Soyo, figure au centre de cette transition. Toutefois, des problèmes techniques récurrents menacent la stabilité de cette infrastructure stratégique.
Des projets publics pour alimenter Soyo
Le gouvernement angolais a intensifié le développement de nouveaux gisements gaziers afin d’assurer l’approvisionnement de l’usine de Soyo. Le projet Sanha Lean Gas Connection (SLGC) injecte déjà environ 80 millions de pieds cubes standards de gaz par jour, avec une montée prévue à 220 millions. En parallèle, le projet Quiluma & Maboqueiro, premier développement de gaz non associé du pays, prévoit une production annuelle de 4 milliards de mètres cubes à partir de 2026. Il est opéré par Azule Energy, coentreprise entre Eni et BP.
Ces initiatives s’inscrivent dans le Plan Directeur du Gaz National, cadre stratégique établi par l’État pour structurer les investissements publics dans l’exploration, la production et la transformation du gaz. L’usine Angola LNG, d’une capacité nominale de 5,2 millions de tonnes par an, est censée convertir ces volumes en exportations. Cependant, plusieurs cargaisons ont été annulées en 2023 en raison de problèmes techniques non résolus. Les taux d’utilisation ne sont pas communiqués, ce qui alimente les incertitudes quant à la fiabilité de l’installation.
Le gaz comme levier de résilience économique
Avec une production de pétrole brut tombée sous 1 million de barils par jour en juillet 2025, l’Angola doit trouver de nouvelles sources de revenus. Le gaz naturel, soutenu par des financements publics, devient une priorité pour maintenir la stabilité économique. Les autorités misent sur les projets en cours pour assurer à la fois l’approvisionnement domestique et les exportations, dans un contexte de réduction des recettes issues du brut.
Lors de la conférence Angola Oil & Gas 2025 à Luanda, les représentants de grandes compagnies comme TotalEnergies, ExxonMobil et Chevron ont réitéré leur intérêt pour le secteur gazier. Toutefois, les retards techniques et l’absence de données transparentes sur la performance de l’usine de Soyo soulèvent des inquiétudes sur la capacité du pays à transformer efficacement ces investissements publics en flux exportables.
Une dépendance technologique à haut risque
L’usine de Soyo, unique infrastructure de liquéfaction du pays, concentre les attentes mais aussi les vulnérabilités. Toute défaillance ou instabilité opérationnelle a un impact immédiat sur les volumes d’exportation. En l’absence d’alternatives industrielles majeures, la fiabilité de cette installation conditionne la réussite du repositionnement énergétique national engagé par les autorités angolaises.