Le nouveau directeur général de Stellantis, Antonio Filosa, a remis en cause la faisabilité de l’interdiction des ventes de voitures thermiques neuves à partir de 2035 dans l’Union européenne, estimant que les objectifs fixés ne sont pas atteignables dans leur forme actuelle. Le dirigeant du quatrième constructeur automobile mondial a déclaré qu’une révision des modalités était nécessaire afin de garantir à la fois les ambitions climatiques et la pérennité industrielle.
Les constructeurs européens en alerte face au calendrier
L’interdiction, actée en mars 2023 dans le cadre du Pacte vert européen, concerne l’ensemble des véhicules neufs à essence, diesel ou hybrides. Une clause de révision prévue pour 2026 permettra aux institutions européennes d’ajuster les dispositions réglementaires si nécessaire. Cependant, plusieurs industriels du secteur automobile s’alarment déjà du calendrier imposé. Le constructeur allemand BMW a proposé de repousser l’échéance à 2050, tandis qu’Ola Källenius, président de Mercedes-Benz et de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), a qualifié l’objectif de « inatteignable ».
Filosa a souligné que la baisse des ventes de véhicules électriques, la montée en puissance des concurrents chinois, les droits de douane américains et la contraction des marges compromettent les investissements nécessaires à la transition. Il a mis en garde contre un affaiblissement structurel de l’industrie automobile européenne si des mesures correctives ne sont pas rapidement engagées.
Des leviers de flexibilité réclamés par Stellantis
Le dirigeant italien a appelé à une adaptation réglementaire qui favoriserait des mécanismes de soutien ciblés. Parmi les options évoquées figurent des incitations à la reconversion du parc existant via des primes à la casse, ainsi que l’introduction de supercrédits pour les petits modèles électriques, souvent plus accessibles pour les consommateurs. Il a également plaidé pour une valorisation accrue des modèles hybrides dans les quotas de réduction d’émissions.
La Commission européenne a déjà annoncé un allègement partiel des objectifs intermédiaires de réduction de dioxyde de carbone (CO2) en mars dernier. Elle prévoit également le lancement prochain d’un dialogue stratégique avec les acteurs du secteur, à l’occasion du salon automobile de Munich. Antonio Filosa estime que l’urgence commande désormais une bascule rapide vers des décisions opérationnelles.
Un enjeu industriel européen sous tension
Le dirigeant de Stellantis a insisté sur le caractère critique du moment actuel pour le secteur automobile en Europe, rappelant que la perte de compétitivité menace l’ensemble de la chaîne industrielle. Il appelle à un cadre législatif mieux aligné sur les réalités du marché et sur la vitesse d’adoption des technologies bas carbone.
Il a ajouté que le renouvellement du parc automobile reste un levier majeur de réduction des émissions, mais que l’absence de solutions économiques pour les ménages freine le rythme de transition. « Il ne faut pas sous-estimer le déclin rapide de l’industrie automobile européenne », a-t-il prévenu.