Le marché mondial des infrastructures de recharge pour véhicules électriques (VE) s’oriente vers une forte croissance, selon les prévisions publiées par le cabinet d’analyse Wood Mackenzie. Entre 2026 et 2040, le nombre total de bornes de recharge devrait enregistrer un taux de croissance annuel composé (TCAC) de 12,3 %, atteignant 206,6 millions d’unités à l’échelle mondiale.
Parmi ces infrastructures, le segment résidentiel continuera de dominer le marché. D’ici 2040, on estime que 133 millions de points de recharge seront installés dans des foyers, représentant la majorité des capacités mondiales. Cette dynamique s’accompagne d’une progression de 8 % par an des dépenses mondiales consacrées à l’infrastructure de recharge, avec un volume d’investissement cumulé estimé à 300 milliards de dollars à horizon 2040.
Évolution des usages et pressions sur les bornes publiques
L’augmentation du taux d’utilisation des infrastructures publiques et l’amélioration de leur efficacité opérationnelle influencent directement la disponibilité des équipements. Le rapport anticipe une augmentation du ratio véhicules électriques/bornes publiques, passant de 7,5 véhicules par borne en 2025 à 14,2 en 2040. Cela souligne l’importance croissante des infrastructures à domicile et la pression potentielle sur le réseau public dans certaines régions.
Les bornes de recharge de niveau 2 installées à domicile constituent actuellement les deux tiers des installations mondiales et devraient maintenir cette proportion au moins jusqu’en 2050. Ce segment reste privilégié en raison de son rapport efficacité/praticité perçu comme optimal par les propriétaires de véhicules électriques.
Dynamique régionale : l’Asie-Pacifique en tête
La région Asie-Pacifique devrait continuer de dominer le déploiement global, avec la Chine conservant sa position centrale dans les investissements publics. Une croissance de 10 % par an est anticipée dans le domaine de la recharge en courant continu (DC) de 2025 à 2040. Les segments de recharge publique de niveau 3 (L3) et résidentiel de niveau 2 (L2) concentreront les principaux investissements annuels, estimés respectivement à 54 milliards et 33 milliards de dollars en 2040.
L’Inde se distingue comme un marché en forte accélération, avec une croissance projetée du nombre de bornes DC rapides, passant de 14 000 unités actuellement à 1,1 million d’ici 2040. Cette évolution repose sur une combinaison de politiques publiques incitatives et d’un marché national du VE en pleine expansion.
Rattrapage progressif sur le continent américain
Aux États-Unis, le segment public de recharge rapide en courant continu (DCFC) devrait croître de 14 % par an entre 2025 et 2040, atteignant 475 000 bornes et générant une valeur annuelle de marché estimée à 3,3 milliards de dollars à l’horizon 2040. Malgré certaines incertitudes réglementaires, la dynamique reste portée par une demande stable et des initiatives privées en matière d’électrification.
En Amérique du Sud, le segment résidentiel connaît une croissance rapide, avec un TCAC de 22 %. Le retard accumulé dans l’adoption des VE par rapport à l’Amérique du Nord explique ce rythme soutenu, couplé à un environnement réglementaire plus favorable dans certaines zones. Le segment L2 résidentiel dominera les investissements dans la région avec 11,2 milliards de dollars attendus en 2040.
L’Europe et le Moyen-Orient en transition accélérée
Le marché européen se caractérise par une progression continue, portée par les infrastructures publiques en courant continu, dont la croissance annuelle devrait atteindre 13,7 %. L’ensemble du réseau public européen enregistrera un TCAC de 11,3 % d’ici 2040. En parallèle, le parc résidentiel atteindra 57 millions de bornes en courant alternatif (AC). Le segment commercial progressera à un rythme de 12 % par an.
L’Arabie saoudite émerge comme un acteur régional clé, avec un taux de croissance annuel de 29 % sur les bornes publiques en courant continu, en cohérence avec les objectifs gouvernementaux à long terme. L’ensemble de la région Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA) devrait mobiliser un volume annuel d’investissement de 14 milliards de dollars dans le secteur public et 30 milliards dans le résidentiel à horizon 2040.