Accord de 800 millions de dollars : Tsingshan déclenche une recomposition énergétique au Zimbabwe

Avec un nouvel accord d’investissement de 800 millions $, Tsingshan étend l’aciérie de Manhize et entraîne une demande énergétique de plus de 500 MW, forçant le Zimbabwe à accélérer sa stratégie électrique.

Partager:

Abonnez-vous pour un accès illimité à toute l'actualité du secteur de l'énergie.

Plus de 150 articles et analyses multisectorielles chaque semaine.

À moins de 3/semaine*

*Engagement annuel

Le groupe chinois Tsingshan Holding, premier producteur mondial de nickel et d’acier inoxydable, a conclu un accord de 800 millions de dollars pour agrandir l’aciérie de Manhize, exploitée par sa filiale Dinson Iron and Steel Company (DISCO). Cet investissement vise à doubler la capacité annuelle de production d’acier, de 600 000 à 1,2 million de tonnes. Mais au-delà de la sidérurgie, l’accord reconfigure profondément le marché énergétique du Zimbabwe. Chaque tonne d’acier produite requiert une consommation électrique massive, ce qui place désormais Manhize au cœur des équilibres d’approvisionnement du pays. La montée en puissance de l’aciérie signifie une augmentation rapide et soutenue de la demande électrique, forçant les autorités à repenser la répartition entre production industrielle, consommation domestique et exportations régionales.

La première phase du site avait déjà nécessité la construction d’une centrale thermique de 50 MW, directement intégrée au complexe. Aujourd’hui, seuls 24 MW sont utilisés par les installations en fonctionnement, tandis que la centrale peut théoriquement injecter un surplus dans le réseau national. À cela s’ajoute un dispositif de cogénération qui récupère les gaz chauds des hauts-fourneaux, couvrant environ 20 % des besoins en interne. Cependant, avec l’accord signé et l’expansion programmée, la consommation pourrait dépasser 500 MW à pleine capacité, un seuil considérable dans un pays où la capacité nationale installée doit encore franchir l’objectif de 2 500 MW d’ici 2025. L’aciérie se positionne donc non seulement comme un consommateur majeur, mais aussi comme un acteur stratégique du système électrique.

Un accord qui lie industrie et énergie

L’accord d’investissement ne se limite pas à l’acier. Tsingshan y a intégré la construction de nouvelles infrastructures énergétiques pour accompagner la croissance de l’usine. Le projet prévoit notamment une ferme éolienne sur les crêtes de Manhize, dont le site a déjà été identifié et fait l’objet d’études de faisabilité. Un barrage hydroélectrique est également envisagé dans le parc industriel, de façon à sécuriser l’alimentation en complément du charbon. Ces initiatives témoignent d’un basculement stratégique : l’expansion industrielle est indissociable de la diversification énergétique. En ce sens, l’accord positionne Manhize comme un catalyseur d’innovation dans le secteur électrique zimbabwéen.

L’impact potentiel dépasse les besoins locaux du site. Les autorités zimbabwéennes ont déjà évoqué la possibilité que DISCO injecte une partie de sa production électrique excédentaire dans le réseau national, devenant ainsi un producteur indépendant. Si ce scénario se confirme, il modifiera profondément la structure du marché de l’électricité, en introduisant une concurrence nouvelle face au fournisseur public Zimbabwe Electricity Supply Authority (ZESA). Cela poserait aussi des enjeux de régulation : arbitrer entre l’électricité destinée à l’industrie lourde, à la consommation domestique et aux projets d’exportation régionale. L’accord Tsingshan devient ainsi un dossier clé non seulement pour l’industrie sidérurgique, mais également pour la gouvernance énergétique du pays.

Conséquences pour les infrastructures nationales

La pression induite par cet accord se répercute sur la planification des grandes infrastructures énergétiques nationales. Le Zimbabwe, déjà confronté à des pénuries chroniques d’électricité, a récemment inauguré l’extension de la centrale thermique de Hwange, réalisée par Sinohydro et financée par Eximbank Chine pour 1,5 milliard de dollars. Cette extension a ajouté 600 MW au réseau national, portant la capacité totale du site à 1 520 MW. Si cette amélioration a permis d’atténuer les déficits d’approvisionnement, la montée en puissance de Manhize absorbera rapidement une part significative de ce gain. Le gouvernement devra donc accélérer la diversification du mix et investir dans d’autres projets pour maintenir l’équilibre entre offre et demande.

L’accord Tsingshan s’inscrit ainsi dans une dynamique plus large où l’industrie et l’énergie avancent conjointement. En visant 2 500 MW de capacité installée d’ici 2025, Harare place la stabilité énergétique au cœur de son agenda de développement. Or, la nouvelle demande issue de l’aciérie pourrait obliger les autorités à revoir leur calendrier, à renforcer les interconnexions régionales (notamment avec le Mozambique et la Zambie), et à arbitrer plus strictement entre les priorités industrielles et résidentielles. Cette interdépendance accrue montre à quel point un accord industriel peut devenir un facteur déterminant de la politique énergétique nationale.

Un levier pour la diversification énergétique et minière

L’accord ne doit pas être analysé isolément. Il s’ajoute à une série d’investissements étrangers qui lient directement ressources minières et infrastructures énergétiques. Dans le lithium, le Zimbabwe a conclu un accord avec deux partenaires chinois pour bâtir une usine de concentré de 270 millions de dollars à Sandawana, capable de traiter 600 000 tonnes par an d’ici 2027. Dans les hydrocarbures, la société australienne Invictus Energy mène une prospection à Muzarabani, un projet reconnu “d’Intérêt National” par le gouvernement en 2025, avec des forages visant à identifier des réserves de gaz ou de pétrole. Ces projets, combinés à celui de Manhize, accentuent la nécessité d’un réseau électrique robuste et diversifié.

Tsingshan ne se limite d’ailleurs pas à l’acier : le groupe contrôle également des actifs dans le ferrochrome, le charbon à coke et le lithium, consolidant son rôle central dans la chaîne énergétique et industrielle du Zimbabwe. L’accord de 800 millions de dollars illustre cette logique intégrée, où un investissement industriel majeur entraîne une recomposition des équilibres énergétiques, financiers et diplomatiques. Pour Harare, la question n’est plus seulement de produire davantage d’acier ou d’électricité, mais de gérer un nouveau rapport de force énergétique créé par l’implantation de géants étrangers dans ses infrastructures stratégiques.

Panne électrique massive en Irak après la perte de 6.000 MW de capacité

Une panne généralisée a privé l’Irak d’électricité pendant plusieurs heures, affectant presque tout le pays en raison d’une consommation record liée à une vague de chaleur extrême.

Les États-Unis enquêtent sur les importations solaires d’Inde, d’Indonésie et du Laos

Washington lance des procédures antidumping contre trois pays asiatiques. Marges jusqu'à 190% identifiées. Décisions finales attendues en avril 2026 avec impacts majeurs sur les chaînes d'approvisionnement.

Les recettes pétrolières et gazières russes reculent de 27% en juillet 2025

Les revenus générés par le pétrole et le gaz en Russie ont enregistré une baisse marquée en juillet, exerçant une pression directe sur l'équilibre budgétaire du pays selon les chiffres officiels.
en_114060837540

Les États-Unis franchissent deux pics historiques de demande d’électricité en juillet 2025

La consommation d’électricité américaine a atteint des niveaux sans précédent lors de la dernière semaine de juillet, portée par une vague de chaleur et la croissance d’activités industrielles.

New York Power Authority présente un plan de 7GW pour les investissements publics dans les énergies renouvelables

La New York Power Authority vise près de 7GW de capacité en dévoilant un plan incluant 20 projets renouvelables et 156 initiatives de stockage, marquant une nouvelle étape dans l’investissement public de l’État.

La Guyane vise l’autonomie électrique avec une centrale biomasse de 120 MW dès 2026

La Guyane prévoit d’atteindre un mix électrique totalement décarboné d’ici 2027, portée par la construction d’une centrale biomasse et la progression des énergies renouvelables sur son territoire.
en_114040862540

Ember : le retard des ambitions nationales freine le triplement mondial des renouvelables

La progression des objectifs nationaux en matière d’énergies renouvelables reste marginale, avec seulement 2% d’augmentation depuis la COP28, menaçant la réalisation du triplement des capacités d’ici 2030 et impactant la sécurité énergétique.

Le rapport du Department of Energy remet en question l’impact économique du CO2 et la portée des politiques climatiques américaines

Un rapport du Department of Energy affirme que les actions américaines sur les gaz à effet de serre auraient un impact mondial limité, tout en soulignant un écart entre les perceptions et les réalités économiques du réchauffement climatique.

Le marché des énergies renouvelables MENA atteindra 59,9 milliards USD en 2030 grâce à l’hydrogène et au solaire

Les investissements dans les énergies renouvelables au Moyen-Orient et en Afrique du Nord devraient atteindre 59,9 milliards USD d’ici 2030, portés par les stratégies nationales, l’essor du solaire, de l’hydrogène vert et de nouveaux projets industriels régionaux.
en_1140310754540

Demande mondiale d’électricité en forte hausse jusqu’en 2026 malgré les tensions économiques

La demande mondiale d’électricité devrait croître de façon soutenue jusqu’en 2026, tirée par l’essor industriel, les centres de données, la mobilité électrique et la climatisation, avec un apport croissant des renouvelables, du gaz naturel et du nucléaire.

La demande d’électricité atteint 2 362 MW au Kenya, KenGen mise sur les renouvelables

Le Kenya enregistre un record historique de consommation électrique, porté par la progression industrielle et une forte contribution des centrales géothermiques et hydrauliques exploitées par la Kenya Electricity Generating Company PLC.

La demande énergétique industrielle européenne atteint un nouveau plancher en 2023

La consommation d’énergie finale du secteur industriel européen a diminué de 5% en 2023, atteignant un niveau inédit depuis trois décennies, avec un rôle croissant des énergies renouvelables dans certains segments clés.
en_114028072026540

France : RTE lance un débat public autour de 90 milliards € d’investissements réseau

Réseau de transport d’électricité prévoit un plan de modernisation à long terme de ses infrastructures. Un débat public national débutera le 4 septembre pour interroger les modalités, enjeux et conditions de mise en œuvre.

Les députés espagnols rejettent le plan de Pedro Sánchez contre les pannes électriques majeures

Le Parlement espagnol a repoussé le paquet de réformes visant à prévenir une nouvelle méga-panne électrique, plongeant le secteur énergétique national dans l’incertitude et révélant la fragilité de la majorité gouvernementale.

L’Australie franchit un cap avec 29 nouveaux projets renouvelables intégrés au marché électrique

Vingt-neuf projets d’énergies renouvelables et de stockage, totalisant 4,4GW, sont désormais pleinement opérationnels sur le marché australien, selon l’AEMO, alors que les contraintes administratives persistent.
en_114022072038540-2

Capacité renouvelable record en Australie : le charbon recule, les prix de l’énergie fluctuent

La croissance des énergies renouvelables et des batteries établit de nouveaux records dans le marché australien de l’électricité, sur fond de baisse de la disponibilité du charbon et de fluctuations sensibles des prix de gros. —

Les États-Unis soutiennent l’Argentine dans le litige concernant YPF

Le gouvernement américain a soutenu l'Argentine dans sa demande de suspension temporaire d'une ordonnance de restitution de sa participation dans YPF, un jugement de 16,1 milliards USD devant satisfaire des créanciers.

Les États-Unis accordent 15 mois supplémentaires pour le traitement des cendres de charbon

L’Agence de protection de l’environnement des États-Unis prolonge les délais de conformité pour les opérateurs de centrales à charbon en matière de surveillance des nappes phréatiques et de fermeture des bassins à déchets.
en_1140210720264540

Eskom prévoit 32GW d’énergie renouvelable en Afrique du Sud d’ici 2040

Eskom souhaite accélérer sa transition énergétique via une nouvelle unité dédiée, malgré une dette de 22.03bn USD et des incertitudes tarifaires qui ralentissent les investissements.

Les géants américains investissent massivement pour l’IA et l’énergie en Pennsylvanie

Plusieurs grands groupes américains annoncent près de 90 milliards USD d’investissements pour renforcer les infrastructures énergétiques en Pennsylvanie, destinées à alimenter les centres de données nécessaires au développement rapide du secteur de l’intelligence artificielle.

Poursuivez votre lecture en choisissant l’une des options

Compte gratuit

Accès membres

Consent Preferences