La région de Vaca Muerta, pilier de l’industrie des hydrocarbures en Argentine, se prépare à deux mouvements sociaux majeurs. Deux syndicats ont confirmé des arrêts de travail sur plusieurs jours, ciblant à la fois la logistique et l’extraction, sur fond de désaccords salariaux et de suppressions de postes. La première mobilisation concerne le syndicat des transporteurs dans les provinces de Neuquén et Río Negro, responsables du transport du sable de fracturation, élément crucial pour les opérations de forage.
Impact logistique sur la chaîne d’approvisionnement
Les transporteurs réclament le paiement de salaires en retard auprès de NRG Argentina, fournisseur clé de sable de fracturation pour Vaca Muerta. L’entreprise, ayant rencontré des difficultés financières après une expansion anticipée, a vu ses prévisions de demande largement revues à la baisse, passant de 1,5 million de tonnes à 600 000 tonnes par an. Cette situation a entraîné un dépôt de dossier de protection contre les créanciers, la société faisant état de dettes atteignant 50 mn USD (46,1 mn EUR). Le transport du sable, qui relie la province d’Entre Ríos à Neuquén sur plus de 1 300 kilomètres, pourrait connaître des retards majeurs si le mouvement est suivi.
Licenciements massifs dans les champs pétroliers
En parallèle, le syndicat Union des Travailleurs Privés du Pétrole de Neuquén, Río Negro et La Pampa a annoncé une grève de 48 heures, protestant contre plus de 1 200 licenciements et 2 000 suspensions recensés dans les champs pétroliers de la région. Cette action intervient alors que Vaca Muerta vient de battre un nouveau record de production avec une hausse de 17,8% sur un an, atteignant 778 800 barils par jour en juin. La production de gaz naturel, pour sa part, a progressé de 5,8% à 158,8 mn m³/j, selon les chiffres communiqués par le Secrétariat à l’Énergie.
Prévisions de croissance et risques pour le secteur
Les perspectives restent marquées par une forte croissance attendue de la production nationale de pétrole, qui devrait atteindre 830 000 barils par jour cette année, contre 717 000 l’année précédente. Cette dynamique rapprocherait l’Argentine de son record historique de 847 000 barils quotidiens établi en 1998. Les prévisions pour Vaca Muerta évoquent la possibilité d’atteindre 1 mn de barils de pétrole et 250 mn m³/j de gaz d’ici 2030. Toutefois, l’escalade sociale soulève la question de la continuité des opérations et de l’équilibre social dans l’un des plus grands bassins d’hydrocarbures non conventionnels au monde.
La réaction des syndicats met en lumière le rôle central des travailleurs dans cette croissance rapide, plusieurs responsables soulignant la contribution de la main-d’œuvre locale à la performance du secteur.