Le gouvernement australien a annoncé qu’il pourrait instaurer une réserve de gaz sur la côte est, selon une déclaration du ministère du Changement climatique et de l’Énergie. Cette proposition s’inscrit dans une révision complète des règles du marché du gaz, menée en réponse aux avertissements du régulateur australien de la concurrence concernant une potentielle pénurie d’ici trois ans. Les principales réserves de gaz du pays se trouvent actuellement dans le nord-ouest, loin des grands centres de consommation situés sur la côte est.
Pressions sur l’approvisionnement et rôle des exportations
La Commission australienne de la concurrence et de la consommation (Australian Competition and Consumer Commission – ACCC) a récemment mis en garde contre un déficit d’approvisionnement pour la côte est, soulignant que ce manque pourrait se matérialiser sans nouveaux investissements. Bien que l’Australie exporte une quantité de gaz supérieure à sa consommation nationale, le gouvernement vise à maintenir sa réputation de fournisseur fiable de gaz naturel liquéfié (GNL) sur le marché international.
Parmi les options à l’étude figurent un renforcement des contrôles à l’exportation, l’ajustement du code obligatoire régissant les ventes sur la côte est, ainsi que de nouveaux accords entre l’État et les grands producteurs. Le Premier ministre Anthony Albanese et son gouvernement considèrent le gaz comme un élément central du mix énergétique australien à long terme, même au-delà de 2050, dans le contexte du recul de la production d’électricité à partir de charbon.
Stabilité réglementaire et réactions du secteur
La révision en cours vise à améliorer la « cohérence et l’efficacité » des règles existantes, selon le ministère. Les axes de travail concernent la sécurité d’approvisionnement, la transparence, les prix, les comportements de marché et l’effet de la réglementation sur la compétitivité du secteur GNL australien. Le ministre du Changement climatique et de l’Énergie, Chris Bowen, a précisé que toute obligation de réserve de gaz serait prospective, sans remettre en cause les contrats déjà signés par les entreprises.
Certaines mesures gouvernementales ont suscité des critiques dans le secteur. En 2022, l’Australie a introduit un plafonnement des prix de gros pour contenir les hausses provoquées par la guerre en Ukraine, une décision intégrée depuis au code de conduite industriel obligatoire. Plusieurs producteurs, dont Shell pour le projet Queensland Curtis LNG et ExxonMobil dans le détroit de Bass, ont exprimé leurs inquiétudes concernant l’impact de la réglementation sur leurs opérations.
Répercussions sur les acteurs internationaux
Des importateurs japonais de GNL, parmi les principaux clients de l’Australie, ont déclaré à Reuters que la politique du gouvernement travailliste a renforcé l’incertitude autour des approvisionnements et a entraîné une hausse des coûts dans les installations dont ils détiennent des participations. La revue des règles pourrait ainsi influencer non seulement la sécurité énergétique nationale, mais aussi la position de l’Australie sur le marché mondial du GNL. Le secteur surveille de près l’évolution des débats autour d’une potentielle réserve de gaz, alors que le pays doit arbitrer entre demande intérieure et engagements internationaux.