La Syrie a repris récemment les exportations de produits pétroliers raffinés à partir de sa principale raffinerie située à Banias, après plusieurs mois d’interruption dus à l’arrêt des approvisionnements pétroliers en provenance d’Iran. Ce retour à l’activité internationale de la raffinerie intervient après une réorganisation majeure des approvisionnements en pétrole brut, désormais assurés en partie par des livraisons russes.
Une relance facilitée par les nouveaux partenaires
L’installation de raffinage de Banias, capable théoriquement de traiter jusqu’à environ 120 000 barils de pétrole brut par jour, avait été contrainte de suspendre ses activités de raffinage fin 2024 après l’arrêt des importations iraniennes. La chute du régime de Bachar al-Assad avait entraîné l’arrêt immédiat des livraisons d’hydrocarbures en provenance d’Iran, provoquant une crise énergétique majeure dans le pays.
La reprise progressive d’activité à Banias a été rendue possible à partir d’avril dernier grâce à l’arrivée de nouvelles cargaisons de brut russe. Cette évolution coïncide avec une phase d’assouplissement limité des sanctions économiques internationales imposées par l’Union européenne et les États-Unis, permettant à la Syrie de relancer certaines coopérations énergétiques internationales.
Premier envoi international confirmé
Les autorités syriennes ont annoncé officiellement qu’un premier chargement de 30 000 tonnes de produits pétroliers a récemment quitté la raffinerie de Banias à destination de marchés étrangers. L’envoi a été organisé sous l’autorité de la compagnie publique Syria Trading Oil Company (Sytrol), et constitue une étape stratégique importante dans l’ambition affichée de restaurer l’industrie pétrolière du pays.
La Syrie, traditionnellement exportatrice de pétrole brut avant la guerre civile démarrée en 2011, a vu ses capacités énergétiques gravement affectées par les conflits internes prolongés. Avant le conflit, les exportations pétrolières représentaient près de 3 milliards de dollars par an de revenus, selon les données historiques fournies par l’agence américaine de l’énergie (Energy Information Administration, EIA).
Priorité à la satisfaction des besoins locaux
Malgré cette reprise, les analystes du secteur estiment que les produits pétroliers raffinés resteront principalement destinés au marché intérieur syrien. En effet, même avant le conflit, les capacités cumulées des raffineries de Banias et Homs étaient insuffisantes pour couvrir la totalité de la demande locale, nécessitant régulièrement des importations complémentaires de gazole et de gaz de pétrole liquéfié (GPL).
Actuellement, face à une infrastructure énergétique largement dégradée par des années de conflit, les autorités syriennes continuent à publier des appels d’offres internationaux pour importer du carburant en urgence. Dernièrement, une procédure a été lancée afin de sécuriser des approvisionnements mensuels en GPL entre juillet et septembre 2025, soulignant ainsi la précarité persistante du secteur énergétique national.
Dans ce contexte délicat, la reprise des exportations à partir de Banias constitue un indicateur majeur de l’évolution de la politique énergétique syrienne, soulignant les efforts engagés par le pays pour réintégrer progressivement le marché énergétique international malgré les nombreuses contraintes techniques et politiques qui subsistent.