Le Népal a débuté officiellement ses livraisons d’électricité vers le Bangladesh, marquant ainsi une étape stratégique dans son ambition de devenir un exportateur régional d’énergie. Cette fourniture énergétique passe par le réseau indien, concrétisant un accord tripartite signé en octobre dernier entre le Népal, le Bangladesh et l’Inde. D’après Rajan Dhakal, porte-parole de l’Autorité népalaise pour l’électricité (Nepal Electricity Authority, NEA), le pays himalayen produira un volume initial de 40 mégawatts (MW), destiné exclusivement au marché bangladais. La période de livraison s’étendra pendant toute la saison des pluies, soit de mi-juin à mi-novembre.
Une nouvelle dimension énergétique
Cette initiative marque la première entrée significative du Népal sur le marché international de l’électricité, après des exportations limitées vers l’Inde en 2021. Selon Dipak Khadka, ministre népalais de l’Énergie, ces premières livraisons concrétisent l’engagement du Népal pour renforcer la stabilité énergétique régionale. Le Népal, longtemps confronté à des défis majeurs d’accès à l’électricité, a considérablement amélioré ses infrastructures grâce à la construction de centrales hydroélectriques. Aujourd’hui, la production nationale dépasse les 3 500 MW, assurant une couverture électrique quasi complète pour ses quelque 30 millions d’habitants.
Un potentiel énergétique conséquent
Le Népal possède un potentiel hydroélectrique théorique de 72 000 MW, selon des études récentes. Ce chiffre témoigne des capacités inexploitées du pays, mais leur développement se heurte à des problématiques liées aux coûts environnementaux, souvent évoquées par les organisations non gouvernementales. Actuellement, cette capacité de production dépasse la consommation interne du pays pendant la période des moussons, ouvrant ainsi la voie à l’exportation.
Le Bangladesh face à ses besoins énergétiques
Pour le Bangladesh, l’accord représente une réponse à ses défis énergétiques croissants, liés à une production intérieure insuffisante, principalement basée sur les énergies fossiles. Avec une population avoisinant les 170 millions d’habitants, la demande énergétique du Bangladesh reste largement supérieure à sa capacité de production actuelle. L’importation d’électricité népalaise contribue ainsi à combler une partie du déficit énergétique, tout en diversifiant ses sources d’approvisionnement.
Le partenariat tripartite, incluant également la compagnie indienne NVVN, établit un modèle de coopération transfrontalière en Asie du Sud. Ce cadre permet aux trois pays de tirer parti des excédents saisonniers du Népal tout en répondant aux besoins énergétiques immédiats du Bangladesh. Le contrat en vigueur prévoit des livraisons continues pendant la saison humide, période durant laquelle la capacité hydroélectrique népalaise atteint son pic.