L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a conclu que l’Iran n’a pas déclaré des matières et activités nucléaires dans trois sites distincts, selon un rapport confidentiel remis à ses États membres. Le document, demandé par le Conseil des gouverneurs de 35 nations, pourrait aboutir à une résolution commune par les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne déclarant l’Iran en violation de ses obligations en matière de non-prolifération.
Les sites identifiés sont Lavisan-Shian, Varamin et Turquzabad. À Lavisan-Shian, une pastille de métal d’uranium a été utilisée à deux reprises en 2003 dans des essais liés à la production de sources de neutrons déclenchées par explosion, une technologie employée dans les dispositifs nucléaires. L’AIEA estime que ces activités faisaient partie d’un programme nucléaire structuré et non déclaré mené jusqu’au début des années 2000.
Pressions diplomatiques et accumulation d’uranium
Le stock d’uranium enrichi jusqu’à 60 %, soit à un niveau proche des 90 % nécessaires pour une arme nucléaire, a atteint 408,6 kg, selon un second rapport publié par l’AIEA. Cette quantité, si elle était enrichie davantage, serait suffisante pour produire neuf armes nucléaires. L’Iran est actuellement le seul pays à enrichir l’uranium à ce niveau sans posséder officiellement l’arme atomique.
Face à ces révélations, les quatre puissances occidentales prévoient de soumettre une résolution lors de la réunion du Conseil des gouverneurs prévue la semaine du 9 juin. Ce serait la première fois en près de 20 ans que l’Iran serait formellement déclaré en non-conformité.
Négociations parallèles avec les États-Unis
Malgré ce contexte tendu, les discussions entre l’Iran et les États-Unis se poursuivent. Le président américain Donald Trump a déclaré le 30 mai que les deux pays étaient « assez proches » d’un accord nucléaire. « Je pense que nous avons une chance de conclure un accord avec l’Iran », a-t-il déclaré, ajoutant qu’un tel accord devrait inclure des inspections strictes.
En réaction, un responsable iranien a prévenu que toute menace contre les installations nucléaires du pays franchirait une « ligne rouge ». Téhéran a également convoqué le chargé d’affaires autrichien après la publication d’un rapport du renseignement affirmant que le programme nucléaire iranien était « bien avancé ».
Médiation saoudienne et avertissements régionaux
Le ministre de la Défense saoudien, le prince Khalid ben Salmane, a transmis un message au guide suprême iranien Ali Khamenei, exhortant l’Iran à prendre au sérieux l’offre américaine. La rencontre, qui s’est tenue à huis clos le 17 avril à Téhéran, a réuni plusieurs hauts responsables iraniens, dont le président Masoud Pezeshkian. Selon des sources proches du dossier, Riyad s’inquiète d’une potentielle escalade militaire dans la région.
Les prochaines semaines seront cruciales. Si la résolution est adoptée, elle pourrait précipiter une nouvelle accélération du programme nucléaire iranien et affecter durablement les discussions bilatérales. L’Iran affirme toujours que son programme est à but purement civil.