Eskom est actuellement confrontée à une crise de gouvernance. En effet, la société impose aux Sud-Africains douze heures de coupures d’électricité par jour. Cette situation a entraîné le départ précipité de son CEO, André de Ruyter, qui a dénoncé la corruption jusqu’au plus haut niveau de l’État.
Nomination d’un dirigeant par intérim
Après le départ d’André de Ruyter, Eskom a nommé Calib Cassim en tant que dirigeant par intérim. Directeur financier de l’entreprise depuis 2018 et employé de la société publique depuis plus de vingt ans, il va assurer l’intérim. Cette décision a été annoncée dans un communiqué publié par Eskom vendredi matin.
Le départ précipité d’André de Ruyter
André de Ruyter devait quitter son poste de CEO de la société publique Eskom fin mars. Cependant, il a présenté sa démission en décembre 2022, estimant qu’il n’avait pas le soutien politique nécessaire pour lutter efficacement contre la corruption. Il a également affirmé avoir été victime d’une tentative d’empoisonnement au cyanure le même jour.
Des accusations lourdes
Dans une interview accordée à la chaîne privée ENCA mardi soir, André de Ruyter a directement mis en cause l’ANC, le parti au pouvoir depuis la fin de l’apartheid. Il a affirmé que « des éléments tangibles » montrent que des détournements bénéficient à l’ANC.
L’ancien CEO d’Eskom, dans un langage clair et précis, a porté des accusations lourdes. Il a notamment affirmé qu’un homme politique « haut placé » est impliqué dans la corruption qui mine l’entreprise sous diverses formes et qu’au moins un ministre du gouvernement est au courant. Il a également révélé qu’un milliard de rands (soit l’équivalent de 52 millions d’euros) est détourné chaque mois d’Eskom et que quatre cartels mafieux sophistiqués, situés dans la province du Mpumalanga (est), se partagent la somme.
Conséquences du départ d’André de Ruyter
Le lendemain de la diffusion de l’interview, Eskom a annoncé que M. de Ruyter n’avait « pas besoin d’effectuer le reste de son préavis » et était « libéré de ses obligations avec effet immédiat ». Aucun ministre du gouvernement n’a publiquement défendu M. de Ruyter, qui a confié dans l’interview avoir informé plusieurs ministres ainsi que des conseillers du président Cyril Ramaphosa de l’ampleur de la corruption dans le secteur de l’énergie.