Le dépassement historique du seuil de 1,5°C de réchauffement par rapport à l’ère préindustrielle en 2024 illustre une nouvelle étape dans la crise climatique mondiale. Selon le Service changement climatique (C3S) de l’observatoire européen Copernicus, les tendances actuelles montrent que cette année sera la plus chaude jamais enregistrée, amplifiant les défis environnementaux et économiques.
En novembre 2024, la température globale a surpassé de 1,62°C celle d’un mois de novembre avant l’industrialisation. Ces chiffres dépassent la limite ambitieuse fixée par l’Accord de Paris, qui vise à contenir le réchauffement sous 2°C et à poursuivre les efforts pour le limiter à 1,5°C. Cependant, ces dépassements sur une seule année ne suffisent pas à considérer cette limite comme définitivement franchie : elle est mesurée sur des tendances de long terme.
Un Impact Économique et Social Alarmant
L’année a également été marquée par des catastrophes naturelles d’une intensité accrue. Des typhons dévastateurs en Asie, des sécheresses historiques en Afrique australe et en Amazonie, ainsi que des pertes économiques mondiales estimées à 310 milliards de dollars, selon Swiss Re, montrent les conséquences tangibles du réchauffement.
Les politiques actuelles semblent insuffisantes pour contenir les émissions de gaz à effet de serre. L’ONU Environnement estime que le monde se dirige vers un réchauffement catastrophique de 3,1°C d’ici la fin du siècle. Même avec les engagements climatiques actuels, une réduction plus significative des émissions est nécessaire pour éviter des impacts climatiques irréversibles.
Une Transition Énergétique Encore Lente
Les récentes négociations internationales, notamment la COP29, n’ont pas produit d’avancées majeures. Les pays en développement, qui ont obtenu une promesse d’aide annuelle de 300 milliards de dollars des pays riches d’ici 2035, restent insatisfaits face à un financement largement insuffisant pour leur transition énergétique.
L’absence d’engagement explicite sur une sortie accélérée des énergies fossiles à la COP28 de Dubaï met également en lumière la lenteur de la transition mondiale. En parallèle, l’Antarctique connaît une fonte record, avec une banquise maintenue à des niveaux historiquement bas depuis 2023, aggravant les effets du réchauffement global.
Une Étape Cruciale pour l’Avenir Climatique
La combinaison du phénomène El Niño avec le réchauffement d’origine anthropique a contribué à ces nouveaux records. Selon le climatologue Robert Vautard, l’année suivant El Niño est souvent plus chaude, la chaleur se redistribuant sur l’ensemble des mois. Si les températures mondiales ne redescendent pas significativement en 2025, cela pourrait annoncer un nouveau paradigme climatique.
Une étude publiée dans Science a également mis en évidence une réduction des nuages de basse altitude, diminuant la capacité de la Terre à renvoyer l’énergie solaire dans l’espace, un phénomène aggravant la hausse des températures.