Zenith Energy a présenté ses comptes au 30 septembre, révélant une réorientation stratégique significative. Le groupe, historiquement engagé dans la production d’hydrocarbures, mise désormais sur un arbitrage international d’envergure contre la Tunisie et le développement d’un portefeuille solaire et d’exploration d’uranium en Italie. Ce virage s’opère dans un contexte de résultats opérationnels modestes et de trésorerie limitée, accentuant la pression sur la monétisation de ses projets et de ses procédures juridiques.
Un modèle centré sur le contentieux tunisien et l’Italie
Les actifs tunisiens de Zenith – Robbana, El Bibane, Ezzaouia et Sidi El Kilani – ne génèrent plus de flux significatifs, leur valeur étant désormais principalement portée par deux contentieux. L’arbitrage d’investissement enregistré auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (ICSID) atteint un montant revendiqué de 572,65 M$. Parallèlement, un arbitrage contractuel a été initié auprès de la Cour internationale d’arbitrage (ICC), mais a donné lieu à une sentence défavorable que la société conteste devant le Tribunal fédéral suisse.
Sur le front italien, Zenith développe un portefeuille solaire de 110,5 MWc structuré en grappes régionales (Latium, Ligurie, Pouilles, Piémont), avec l’objectif d’optimiser les synergies de raccordement et de financement. Ce pipeline inclut désormais des projets intégrant des systèmes de stockage d’énergie par batteries (BESS), afin de capter la valeur issue de la volatilité horaire croissante du marché italien de l’électricité.
Des comptes marqués par des revenus non récurrents
Les résultats semestriels affichent un chiffre d’affaires de 1,09 M$ et un résultat net de 3,76 M$, en grande partie dû à 14,5 M$ de produits non récurrents. En revanche, le flux de trésorerie opérationnel ressort négatif à –11,76 M$, reflétant une activité encore peu génératrice de liquidité. Les charges administratives atteignent 7,56 M$, dont plus de la moitié est liée au contentieux tunisien et aux frais de cotation.
L’endettement total inclut 47,6 M$ de dettes obligataires et 15,6 M$ de contreparties différées, alors que la trésorerie disponible reste limitée à 2,41 M$. Pour compenser, Zenith a levé 14,7 M$ au cours du semestre, via des augmentations de capital et l’émission de nouvelles obligations. La société reste tributaire d’un accès continu aux marchés financiers pour couvrir ses besoins jusqu’en 2026.
Exploration d’uranium en Italie : opportunité ou valeur optionnelle
Zenith détient également deux permis d’exploration d’uranium en Lombardie (Val Vedello et Novazza), représentant environ 15 millions de livres d’U₃O₈ estimées. Ces actifs prennent place dans un contexte européen favorable à la sécurisation des matières premières critiques. L’uranium est désormais listé comme tel dans le Critical Raw Materials Act, renforçant potentiellement l’intérêt stratégique de ces permis.
Toutefois, le contexte réglementaire italien reste défavorable à une relance du nucléaire. Même une activité limitée à l’exploration ou à l’exportation d’uranium demeure politiquement sensible, ce qui limite la visibilité sur un développement à court terme. Pour Zenith, ces permis représentent davantage une réserve spéculative qu’une source immédiate de revenus.
Une gouvernance dispersée et un financement orienté vers l’attente
Zenith est cotée sur trois marchés – Londres, Oslo et Stockholm – avec des actionnaires incluant ses propres dirigeants. Ce positionnement multi-places permet un accès élargi au capital, mais engendre également des coûts de conformité élevés. Les frais non récurrents liés aux opérations de financement pèsent sur les charges globales, tandis que la communication vers les marchés reste fragmentée.
La direction appuie sa stratégie sur un alignement d’intérêts entre actionnaires et management, mais l’absence de génération de cash durable pose la question de la soutenabilité du modèle. La valorisation actuelle repose en grande partie sur des scénarios de succès judiciaire ou de cession d’actifs italiens à des multiples attractifs, dans un marché concurrentiel et très capitalisé.