La société argentine Yacimientos Petrolíferos Fiscales (YPF) a signé un protocole d’accord (Memorandum of Understanding, MOU) avec le gouvernement de la province de Tierra del Fuego pour transférer la gestion de sept zones pétrolières conventionnelles à la compagnie publique provinciale Terra Ignis. Ce transfert inclut les blocs de Los Chorrillos, Lago Fuego, ainsi que les fractions A, B, C, D et E situées dans le sud de la province.
Ce mouvement stratégique s’inscrit dans le cadre de la feuille de route « 4×4 » de YPF. Celle-ci repose sur quatre piliers : l’amélioration de l’efficacité opérationnelle, l’optimisation du portefeuille d’actifs, le développement de la formation de pétrole et de gaz de schiste Vaca Muerta, et l’expansion de projets énergétiques considérés comme stratégiques par l’entreprise.
Réallocation des investissements et stratégie long terme
Selon YPF, la cession de ces zones permettra à l’entreprise de réorienter ses investissements vers des segments jugés plus rentables. L’objectif annoncé est de générer jusqu’à 30 milliards de dollars américains d’exportations d’ici à 2030. Le groupe pétrolier entend ainsi concentrer ses efforts sur des actifs à fort potentiel tout en allégeant ses responsabilités sur des gisements matures ou de moindre rentabilité.
Pour la province de Tierra del Fuego, cette opération vise à renforcer la gouvernance locale des ressources énergétiques. Le gouverneur Gustavo Melella a évoqué un pas vers une autonomie énergétique accrue. La société Terra Ignis, fondée en 2017 par le gouvernement provincial, est désormais chargée de l’exploitation et du développement de ces blocs, avec l’ambition de devenir un acteur régional de référence.
Défis opérationnels pour Terra Ignis
Malgré son nouveau rôle, Terra Ignis fait face à des défis structurels. Depuis sa création, la société a été critiquée pour son absence d’activité tangible et un manque de transparence dans la gestion de ses fonds. Le síndico (commissaire aux comptes) a confirmé qu’aucune opération productive n’avait encore été menée, en dépit de plusieurs millions de pesos argentins alloués à son fonctionnement.
Un projet d’inventaire, réalisé avec le Conseil fédéral des investissements (CFI), a permis d’évaluer les actifs transférés par YPF, y compris leurs éventuels passifs environnementaux. Un plan d’affaires a également été établi, fixant les priorités et les capacités de Terra Ignis pour les années à venir.
Une redistribution des rôles dans l’écosystème énergétique
Ce transfert d’actifs illustre la volonté de YPF de se recentrer sur des projets stratégiques comme Vaca Muerta, tout en cédant ses gisements conventionnels à des opérateurs locaux. Pour Terra Ignis, il s’agit d’une opportunité de devenir un levier de développement énergétique territorial, en alignement avec les priorités provinciales.
La province de Tierra del Fuego, en assumant la gestion directe de ses ressources naturelles, souhaite ainsi attirer de nouveaux investissements, accroître la création de valeur locale et sécuriser les revenus issus de l’exploitation des hydrocarbures. La réussite de cette transition dépendra toutefois de la capacité de Terra Ignis à structurer ses opérations et à gagner en crédibilité auprès des partenaires publics et privés.