La forte croissance des centres de données aux États-Unis crée une augmentation significative de la demande électrique, que les services publics régulés semblent actuellement mieux armés pour satisfaire, selon la dernière étude du cabinet d’analyse énergétique Wood Mackenzie.
Hausse spectaculaire de la demande électrique
Le rapport intitulé « US power struggle: How data centre demand is challenging the electricity market model » révèle une hausse considérable des projets de centres de données, qui atteignent aujourd’hui 134 gigawatts (GW) contre 50 GW seulement un an auparavant. Cette augmentation correspond à une croissance potentielle de 12 % de la demande électrique américaine. Les opérateurs régulés se montrent particulièrement capables de répondre à cette hausse, grâce à leur modèle verticalement intégré qui leur permet de mieux coordonner la planification de la génération et de la distribution électrique.
Chris Seiple, vice-président d’Energy Transition and Power & Renewables chez Wood Mackenzie, souligne les difficultés persistantes rencontrées pour répondre à cette nouvelle demande : « Il existe des goulots d’étranglement pour les équipements essentiels, beaucoup de centrales à charbon sont en passe d’être fermées, et les délais d’attente pour les connexions aux réseaux restent particulièrement longs ».
Atouts des services régulés
Face à ces contraintes, les services publics régulés détiennent plusieurs avantages décisifs, selon le rapport. Parmi eux figure la capacité à mener des processus intégrés de planification de la charge et de la production, permettant une gestion optimisée des nouveaux projets énergétiques.
« Les services publics régulés disposent d’une plus grande flexibilité pour accélérer les raccordements », explique Seiple. Ils ont également un avantage logistique lié à la propriété de terrains stratégiques, notamment ceux issus d’anciennes centrales à charbon, déjà équipés d’infrastructures de transmission nécessaires aux nouveaux projets de centres de données.
Risques et limites du modèle régulé
Cependant, le rapport de Wood Mackenzie identifie également certains risques potentiels liés à ce modèle. Les coûts élevés des infrastructures nécessaires aux centres de données pourraient, en cas d’échec des prévisions de croissance, être transférés sur les clients existants. De plus, l’offre énergétique des services publics régulés ne correspond pas toujours aux attentes des opérateurs de data centres, notamment en matière d’énergies renouvelables et de flexibilité contractuelle.
En parallèle, les marchés dérégulés peinent davantage à répondre à la hausse rapide de la demande. « Les prix actuels de l’énergie et des capacités ne suffisent pas à attirer de nouveaux entrants », constate Ben Hertz-Shargel, responsable mondial de Grid Edge chez Wood Mackenzie. Ces contraintes de marché génèrent un risque accru de perturbations du réseau électrique et d’interventions politiques destinées à limiter les augmentations tarifaires.
Perspectives d’évolution du secteur
Selon Wood Mackenzie, ce contexte impose aux acteurs du secteur de l’énergie une réflexion profonde sur leurs stratégies futures. « Les services publics régulés se trouvent face à un défi inédit », conclut Chris Seiple. « Ils doivent désormais équilibrer l’opportunité de revenus majeurs générés par les data centres avec les impératifs de fiabilité et les impacts financiers associés ».