Les États-Unis viennent d’approuver un prêt de 4,7 milliards de dollars destiné au financement du projet Mozambique LNG, mené par la compagnie française TotalEnergies. Ce mégaprojet gazier, localisé dans la province du Cabo Delgado, avait été suspendu en 2021 après une attaque jihadiste qui avait poussé TotalEnergies à déclarer une situation de force majeure. Initialement validé en 2020 sous l’administration Trump, le prêt nécessitait un amendement récent afin de tenir compte du retard accumulé et d’une nouvelle date de livraison prévue pour 2030. TotalEnergies détient une participation de 26,5 % dans ce projet estimé à 20 milliards de dollars, visant principalement le marché asiatique.
Redémarrage sous conditions financières
Le financement accordé par l’agence américaine de crédit à l’exportation, U.S. Export-Import Bank (EXIM Bank), fait partie d’une série de validations attendues par TotalEnergies pour redémarrer ses opérations. Selon Patrick Pouyanné, PDG de la compagnie française, ce prêt américain s’inscrit dans un processus plus large impliquant également les agences de crédit britannique et néerlandaise. Ces validations financières constituent une condition essentielle pour relancer le projet, dont le début de la production de gaz liquéfié est désormais programmé entre 2029 et 2030, au lieu de la date initiale de 2028.
En septembre 2024, la presse américaine rapportait des accusations relatives à des exactions présumées commises par les forces de sécurité chargées de protéger le site après les événements de 2021. TotalEnergies Mozambique LNG avait alors déclaré ne pas avoir identifié d’éléments probants corroborant ces allégations.
Réaction contrastée face à ce prêt
La Chambre africaine de l’énergie (African Energy Chamber – AEC) a réagi positivement à la validation américaine de ce prêt. Dans un communiqué récent, l’AEC souligne que cette décision représente une impulsion importante pour l’un des plus grands investissements énergétiques africains actuels, capable de transformer le paysage énergétique du Mozambique ainsi que d’autres régions du continent africain.
Cependant, plusieurs organisations non gouvernementales, dont Reclaim Finance et Les Amis de la Terre, critiquent vivement cette décision. Dans un communiqué commun publié récemment, ces ONG exhortent les institutions financières, notamment les banques françaises Crédit Agricole et Société Générale, à ne pas soutenir la reprise du projet. Elles soulignent que ce dernier pourrait générer des conséquences climatiques négatives et rappellent les inquiétudes persistantes liées aux droits humains autour du site du projet.
Enjeux économiques et stratégiques régionaux
Le projet Mozambique LNG est l’un des investissements gaziers les plus importants actuellement en développement sur le continent africain. Il associe, outre TotalEnergies, des partenaires mozambicains ainsi que le groupe japonais Mitsui qui détient 20 % des parts. La reprise du projet est attendue avec intérêt par les marchés asiatiques, principaux destinataires prévus du gaz liquéfié produit.
Cette décision américaine pourrait aussi influencer les décisions à venir des agences britannique et néerlandaise. Pour les marchés financiers internationaux, la relance effective du projet dépend désormais de l’approbation définitive de ces autres acteurs financiers, indispensable pour le déblocage complet des fonds nécessaires au redémarrage opérationnel.