L’administration américaine a annoncé la suspension immédiate de cinq projets majeurs d’éolien en mer en cours de construction au large de la côte Est, invoquant des motifs liés à la sécurité nationale. La décision, communiquée par le département de l’Intérieur, concerne exclusivement des installations situées dans l’Atlantique, dont le Coastal Virginia Offshore Wind (CVOW), l’un des projets les plus avancés. Elle s’applique pour une durée de 90 jours, le temps, selon les autorités, « d’évaluer la possibilité d’atténuer les risques » identifiés par le ministère de la Défense.
Des interférences radar à l’origine de la décision
Les autorités fédérales justifient cette mesure par l’apparition d’« interférences radars » causées par le mouvement des pales et les structures métalliques des éoliennes, lesquelles seraient susceptibles de perturber certaines opérations militaires ou de renseignement. Un rapport gouvernemental antérieur, publié en 2024, avait déjà alerté sur ces effets, sans entraîner de modifications réglementaires à l’époque. La suspension actuelle fait suite à une nouvelle évaluation des risques, bien que les détails techniques n’aient pas été rendus publics.
Le secrétaire à l’Intérieur a souligné que cette décision avait été prise en coordination avec le ministère de la Défense et s’inscrit dans un cadre de précaution destiné à garantir la continuité des capacités stratégiques. Le ministre Doug Burgum, également impliqué dans l’annonce, a défendu cette position en la qualifiant de mesure « de bon sens », affirmant qu’« un seul gazoduc fournit autant d’énergie que ces cinq projets réunis ».
Réactions économiques et impact sur les marchés
L’interruption des chantiers affecte directement plusieurs entreprises, dont Dominion Energy, Ørsted et Vestas. Dominion Energy, qui pilote le projet de Virginie, a déclaré que cette suspension pourrait affecter « la fiabilité du réseau électrique pour certains des équipements militaires, civils et d’intelligence artificielle les plus importants du pays » et menacerait « des milliers d’emplois ». Le titre de l’énergéticien a reculé de 3,72% à 57,22 dollars sur le New York Stock Exchange.
À la Bourse de Copenhague, Ørsted a enregistré une baisse de plus de 12%, tandis que Vestas, fabricant danois d’éoliennes, a cédé 2,65%. Aucun calendrier clair n’a été communiqué quant à la reprise éventuelle des travaux, accentuant l’incertitude pour les sous-traitants et les chaînes d’approvisionnement engagées dans ces projets.
Conséquences politiques et contestations locales
La décision a suscité des critiques de plusieurs élus démocrates, notamment du sénateur Sheldon Whitehouse, pour qui « cela ressemble davantage au genre de harcèlement vindicatif auquel nous sommes habitués de la part de l’administration Trump qu’à quoi que ce soit de légitime ». Il a rappelé que le projet situé au large du Rhode Island avait été « minutieusement examiné et entièrement approuvé » par les autorités fédérales.
Bien que le secteur éolien offshore reste limité aux États-Unis comparé à l’Europe, il représentait en 2023 environ 10% de la production nationale d’électricité, soit plus du double de celle issue du solaire. Ce ralentissement intervient alors que plusieurs États côtiers comptaient sur ces projets pour diversifier leur mix énergétique et soutenir leur économie régionale.