Les garde-côtes américains, appuyés par le Pentagone, ont saisi un navire transportant du pétrole brut en provenance du Venezuela, renforçant les mesures de répression imposées par les États-Unis contre les exportations de pétrole de ce pays sud-américain. L’opération s’inscrit dans le cadre du renforcement d’un blocus décrété par Washington, sous la présidence de Donald Trump, contre ce qu’il qualifie de commerce illégal alimentant le narcoterrorisme régional.
Saisie du Centuries en haute mer
Le navire en question, identifié comme le Centuries, battant pavillon panaméen, avait chargé environ 1,8 million de barils de brut dans un port vénézuélien, à destination d’une société chinoise. Selon la ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, l’opération a eu lieu avant l’aube, avec le déploiement de moyens aériens et l’intervention d’un détachement militaire à bord du pétrolier. Une vidéo de près de huit minutes diffusée sur les réseaux sociaux a montré l’abordage en mer.
Aucune sanction spécifique ne figure actuellement contre le Centuries dans la base de données du Trésor américain, mais les autorités affirment que la cargaison relève des sanctions visant la Petróleos de Venezuela S.A. (PDVSA), la compagnie pétrolière publique du Venezuela. Une porte-parole de la Maison Blanche a évoqué l’usage d’un « faux pavillon » et l’appartenance du navire à une supposée « flotte fantôme » utilisée pour contourner les restrictions commerciales.
Réaction ferme de Caracas
Le gouvernement vénézuélien a dénoncé un « vol » et une « disparition forcée » de l’équipage, qualifiant l’opération de piraterie navale. Il s’agit du deuxième pétrolier intercepté par les États-Unis ce mois-ci dans la région. Caracas a annoncé son intention de saisir le Conseil de sécurité des Nations Unies, affirmant que ces actions violaient le droit maritime international.
Depuis 2019, le pétrole vénézuélien est frappé par un embargo américain, obligeant Caracas à écouler son brut à des prix inférieurs au marché, principalement vers l’Asie. Le gouvernement rejette les accusations de narcotrafic formulées par Washington, accusant en retour les États-Unis de vouloir prendre le contrôle des vastes réserves pétrolières du pays par la force économique et militaire.
Militarisation accrue dans les Caraïbes
Les forces armées américaines ont intensifié leurs opérations dans les Caraïbes ces derniers mois, affirmant cibler des réseaux de trafic de drogue. Depuis l’été, au moins 104 personnes auraient été tuées lors d’interceptions maritimes dans cette zone, selon des données recueillies par des ONG et des observateurs internationaux. Aucune preuve publique n’a toutefois été fournie quant à l’implication des navires ciblés dans des activités illicites.
Lors du sommet du Mercosur tenu au Brésil, le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva a mis en garde contre les risques d’un conflit ouvert. Le président argentin Javier Milei, de son côté, a exprimé son soutien à la stratégie américaine. La situation continue de polariser les gouvernements de la région alors que les tensions autour de l’accès au pétrole vénézuélien se multiplient.